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Entrée au répertoire de l'Opéra de Zurich

Zurich
Opernhaus
05/02/2004 -  et les 5, 8, 11*, 13, 19, 21 et 28 mai 2004
Francis Poulenc: Dialogues des Carmélites

Cheyne Davidson (le Marquis de la Force), Isabel Rey (Blanche), Reinaldo Macias (le Chevalier), Felicity Palmer/Sylvie Brunet (Madame de Croissy), Juliette Galstian (Madame Lidoine), Stefania Kaluza (Mère Marie de l’Incarnation), Christiane Kohl (Sœur Constance de St-Denis), Katharina Peetz (Mère Jeanne de l’Enfant Jésus), Irène Friedli (Sœur Mathilde), Christian Jean (l’Aumônier du Carmel), Martyn Zysset/Thierry Duty (1er Commissaire), Giuseppe Scorsin (2e Commissaire), Peter Kalman (le Geôlier), Gabriel Bermudez (Officier), Horst Lamnek (Thierry), James Cleverton (Javelinot)

Orchestre et Chœur de l’Opéra de Zurich, Michel Plasson (direction), Reto Nickler (mise en scène)


Trois jours seulement après la dernière de Werther à Paris dans la version pour baryton, Michel Plasson dirigeait à Zurich la première de Dialogues des Carmélites, qui n’avaient encore jamais été donnés ici. A la fin de son séjour zurichois, le chef s’envolera pour Milan, pour une série de Carmen cette fois, ouvrage qu’il a par ailleurs présenté à deux reprises à Zurich entre les représentations du chef-d’œuvre de Poulenc. Un tel emploi du temps en assommerait plus d’un, mais pas Michel Plasson, sur les épaules duquel repose en bonne partie la réussite de ces Dialogues. En dépit de l’impressionnant effectif orchestral, il rend toutes les nuances de la partition et obtient des musiciens un son transparent, où s’entend chaque détail. Il sait aussi admirablement faire monter petit à petit la tension, jusqu’au paroxysme de la scène de l’échafaud. Qui plus est, Michel Plasson aime les chanteurs et cela se voit, tant il est attentif à ne jamais jouer trop fort et à laisser s’épanouir les solistes.


Si le chef, on l’a dit, est pour beaucoup dans le succès de cette production, la distribution vocale, particulièrement homogène, contribue également au très bon résultat d’ensemble. Spécialiste du rôle, Felicity Palmer offre une fois de plus une incarnation terriblement crédible et bouleversante de Madame de Croissy, dans un français impeccable. Son agonie, durant laquelle elle avoue sa peur de la mort, qui se traduit par un chant à la limite du cri, fait littéralement frissonner la salle. Une salle, soit dit en passant, où les fauteuils vides sont nombreux, preuve s’il en est que l’ouvrage de Poulenc a de la peine à attirer les foules, en tout cas hors de France. L’autre révélation de la soirée est Isabel Rey, dans le rôle de Blanche de la Force. Habituée de la scène zurichoise, elle offre ici une de ses incarnations les plus abouties. Sa voix pleine et ronde sait rendre à la fois la douceur du personnage, mais aussi sa détermination, dans des accents lyriques poignants. A relever aussi la bonne prestation de Stefania Kaluza, qui campe une Mère Marie de l’Incarnation particulièrement dure et sévère, ainsi que de Christiane Kohl, Sœur Blanche à la voix de soprano léger, qui atteint sans peine les nombreux aigus du rôle. Le reste de la distribution est d’un très bon niveau, la seule réserve de rigueur étant la prononciation française pas toujours adéquate de la plupart des interprètes. A noter que les passages les plus importants du livret sont projetés sur différents éléments du décor, dans leur traduction allemande.


Dans cette production zurichoise, la musique et le chant se suffisent à eux-mêmes, car la mise en scène n’apporte rien de véritablement intéressant. Le décor unique (Hermann Feuchter) est fait de papier d’emballage recouvert de rubans adhésifs, donnant la désagréable impression d’un travail inachevé ou improvisé. Ou peut-être veut-on suggérer que la situation engendrée par la Révolution est synonyme de provisoire et de désordre? Quoi qu’il en soit, le résultat n’est pas des plus esthétiques! Par ailleurs, entre les différentes scènes, des techniciens habillés de noir viennent changer l’emplacement de certains éléments du décor, avec pour effet d’accentuer encore davantage le sentiment de distanciation. Quant à la caractérisation des personnages, on peine là aussi à dégager les grandes idées du metteur en scène, le Suisse Reto Nickler laissant plutôt les chanteurs se débrouiller comme ils le peuvent. Malgré tout, le spectacle fait forte impression, essentiellement pour ses qualités musicales et vocales.





Claudio Poloni

 

 

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