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Vents en poupe Paris Palais Garnier 05/09/2004 - Franz Danzi : Quintette à vent, opus 56 n° 1
Ludwig van Beethoven : Quintette pour piano et vents, opus 16
Francis Poulenc : Sextuor
Sabrina Maaroufi (flûte), Jacques Tys (hautbois), Bruno Martinez (clarinette), Laurent Lefèvre (basson), David Defiez (cor), Christine Lagniel (piano)
Au fil des années, les formations parisiennes ont eu à cœur de mettre en valeur leurs musiciens en organisant des concerts de musique de chambre, parfois en écho aux œuvres symphoniques programmées au cours de leur saison: Orchestre de Paris (voir par exemple ici), Orchestre national (voir par exemple ici), Ensemble orchestral de Paris (voir ici), Orchestre national d’Ile-de-France (voir ici), tous ne sont cependant pas logés à la même enseigne, entre le dernier nommé, qui doit se contenter, le lundi en début de soirée, de la réverbération et des plâtres de l’Eglise des Billettes, et l’Orchestre de l’Opéra national de Paris, qui jouit de l’acoustique et des ors du Palais Garnier, le dimanche soir à 20 heures 30.
Pour l’occasion, c’est le quintette à vent qui était à l’honneur, mêlant anciennes recrues Jacques Tys (hautbois), Bruno Martinez (clarinette) et Laurent Lefevre (basson) à deux jeunes instrumentistes qui ont rejoint l’orchestre depuis moins de deux ans, Sabrina Maaroufi (flûte) et David Defiez (cor). Quoi de plus normal que de commencer par un salut à Franz Danzi (1763-1826), l’un de ceux qui a établi le genre, avec le premier des neuf quintettes qu’il regroupa, aux environs de 1820, en trois cahiers (opus 56, 67 et 68)? En quatre brefs mouvements d’une durée totale d’un quart d’heure, ce quintette en si bémol va au-delà d’un divertissement extérieurement postmozartien, volubile et sans histoires: traitement paritaire des cinq participants (le premier énoncé du second thème de l’Allegretto initial est ainsi confié au cor), mélancolie de l’Andante con moto, Menuetto ayant davantage l’allure d’un scherzo, Allegro final étonnamment virtuose.
Dans son Quintette pour piano et instruments à vent (1797), Beethoven semble se dépêtrer avec l’ombre du Commandeur, à savoir Mozart et son propre Quintette, écrit treize ans plus tôt: thème voisin de celui de l’air de Zerline Batti, batti, même tonalité (mi bémol), même formation, même découpe en trois mouvements. Ici, le piano sec et raide de Christine Lagniel contraste avec la souplesse et la rondeur des vents.
Rien de plus idiomatique, en revanche, que l’interprétation du Sextuor (1940) de Poulenc qui concluait la soirée. Pour ce lointain descendant du Sextuor de Louise Farrenc, donné trois jours plus tôt à Orsay (voir ici), ou du Divertissement de Roussel, la fine fleur de l’école française offre un véritable régal, avec une mise en place parfaite, des sonorités séduisantes et des contrastes bien marqués, entre verdeur, émotion, ironie et entrain, qui tracent en fin de compte une sorte de portrait du compositeur.
Simon Corley
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