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Une Troupe Montéverdienne

Tourcoing
Théâtre Municipal
03/22/2000 -  
Claudio Monteverdi : L’Orfeo
Il Ritorno d’Ulisse in Patria
L’Incoronazione di Poppea

Orfeo : Nicolas Rivenq (Orfeo), Olga Pitarch (Eurydice), Chantal Perraud (La Musica), Geneviève Kaemmerlen (La Messagiera), Stéphanie D'Oustrac (La Speranza), Bruno Rostand (Caron), Laurence François (Proserpina), Pierre Thirion-Vallet (Pluto), François Piolino (Apollo), Serge Goubioud, Pierre Evreux, Renaud Delaigue, Jean-François Chiama (Pastori), Pierre Evreux (Echo), Valérie Gabail (Nympha), Sandrine Rondot, Sylvie Althaparro, Rachid Ben Abdeslam, Laurent Slaars (choeur)
Il Ritorno d’Ulisse in Patria : Nicolas Rivenq (Ulisse), Sylvie Althaparro (Penelope), Sandrine Rondot (Minerva), Laurent Slaars (Telemaco), Laurence François (Melanto), Jacek Laszczkowski (Eumete), Renaud Delaigue (Nettuno), Geneviève Kaemmerlen (Euryclea), François Piolino (Giove), Pierre Evreux (Eurimaco), Bruno Rostand (Antinoo), Serge Goubioud (Pisandro), François Piolino (Eurimaco), Chantal Perraud (Giunone), Rachid Ben Abdeslam (L’umana fragilita, Anfinomo), Pierre Thirion-Vallet (Tempo), Olga Pitarch (Fortuna), Valérie Gabail (Amore), Jean-François Chiama (Iro), Philippe Jaroussky, Stéphanie D’Oustrac (Courtisans)
L’Incoronazione di Poppea : Laurence François (Poppea), Jacek Laszczkowski (Nerone), Sylvie Althaparro (Ottavia), Robert Expert (Ottone), Renaud Delaigue (Seneca), Olga Pitarch (Drusilla), Serge Goubioud (Arnalta), Geneviève Kaemmerlen (Nutrice), François Piolino (Lucano), Philippe Jaroussky (Valletto), Valérie Gabail (Damigella), Laurent Slaars (Liberto), Bruno Rostand (Littore), Valérie Gabail (Fortuna), Chantal Perraud (Vertu), Florent Megrot/Romain Smitt, Les Pages de la chapelle, dir. Olivier Schneebeli-(Amore), Chantal Perraud (Pallade), Pierre Evreux (Mercurio), Sandrine Rondot (Venere), Pierre Evreux, Jean-François Chiama (Soldati), Pierre Thirion-Vallet (Familiari di Seneca)
Jean-Claude Malgoire, Nicolas Rivenq, Jacky Lauren (mise en scène), Nicolas Rivenq (décors), Christine Rabot Pinson (costumes), Jacky Lauren (lumières), Roser Montllo, Brigitte Seth (chorégraphie),La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, Jean-Claude Malgoire (direction musicale)

Saluons tout d’abord l’initiative plutôt risquée : monter les trois principaux opéras de Monteverdi lors de la même saison en version scénique avec les moyens financiers limités que l’on sait (et que l’on déplore). S’il n’est pas entièrement réussi –tant s’en faut–, ce pari aura permis de montrer le dynamisme qui anime (et sauve) cette unique institution qu’est l’Atelier Lyrique de Tourcoing (en coproduction avec le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines).

Le problème principal est cependant de taille : aussi agréable à regarder soit-il, le décor conçu par le chanteur Nicolas Rivenq (une nouvelle corde à son arc ?), unique et commun pour les trois spectacles finit par lasser et empêche surtout la différenciation nécessaire entre les trois opéras, annoncés à tort par l’équipe comme une trilogie, alors qu’une évolution stylistique les sépare.

Le plus grand mérite de ce projet aura été de retrouver un esprit de troupe autour de ces spectacles avec des chanteurs pour la plupart jeunes et ayant travaillé longuement avec Jean-Claude Malgoire non seulement pendant les répétitions mais aussi au cours de sessions d’études à l’Abbaye de Royaumont quelques mois plus tôt. Le résultat est tout simplement stupéfiant, permettant à la fois l’homogénéité d’une équipe et l’émergence de certains talents individuels très prometteurs.
Nicolas Rivenq se situe un peu à part dans ce contexte d’autant qu’il a pris part à la genèse de la production. Il aborde Orfeo avec une voix d’une éclatante santé avec projection et virtuosité. Il est autant convaincant en Ulysse, sombre et émouvant. Deux prises de rôle mémorables pour un chanteur à son zénith.
Dans Orfeo, le rôle-titre prime sur les autres personnages, présents que sporadiquement : on notera alors certains talents qui s’imposent tout de même dans ces figures secondaires mais importantes : Olga Pitarch, musicale Eurydice, Geneviève Kaemmerlen, Messagère poignante, Stéphanie D’Oustrac, au timbre somptueux ou François Piolino, spirituel Apollon à la voix plein de promesses (il tiendra d’ailleurs le rôle d’Orfeo, le lendemain).
La représentation quelques jours plus tard du Retour d’Ulysse a été un de ces moments de grâce comme on en rencontre peu. Les interprètes, admirablement conduits par une mise en scène inspirée et bouleversante d’intensité, chantent tous dans un style impeccable et dans des tessitures qui leur conviennent avec une adéquation totale entre le texte et la musique, indispensable chez Monteverdi.
Autour de Rivenq, Sylvie Althaparro est une somptueuse et touchante Pénélope, son timbre sombre convenant parfaitement à la fière douleur du personnage. La voix souple, ronde et colorée de Sandrine Rondot s’associe à un tempérament pétillant permettant une caractérisation efficace de Minerve. Les prétendants, Pierre Evreux, Bruno Rostand et surtout l’incroyable Serge Goubioud (aussi à l’aise en haute-contre qu’en contre-tenor) rivalisent d’aisance. Jacek Laszczkowski est impayable en Eumée et confirme un talent rare. Et l’on retrouve avec plaisir François Piolino, Renaud Delaigue et Geneviève Kaemmerlen, parfaits.

Après ce miracle, la déception causée par Le couronnement de Poppée, donnée plus d’un mois après, est d’autant plus vive que l’on nourrissait de grands espoirs. Mais la mise en scène s’essouffle et se répète sans se renouveler. Et même l’interprétation musicale déçoit. Il est vrai que c’est l’opéra le plus difficile à chanter des trois, nécessitant des moyens que n’ont peut-être pas encore cette équipe, à part Jacek Laszczkowski, excellent Néron. Sylvie Althaparro est cette fois dépassée dans un rôle trop dramatique et la justesse s’en ressent ; Laurence François a le physique de Poppée mais la voix doit encore mûrir et s’arrondir ; Robert Expert peine dans une tessiture trop basse ; Olga Pitarch est un peu trop fade en Drusilla ; François Piolino, comme le reste de la distribution, n’est pas dans sa meilleure voix. Par contre, Renaud Delaigue a les graves somptueux et l’expression noble qui conviennent à Sénèque.
Dommage de rester sur cette impression négative qui gâche les bonheurs distillés précédemment ; mais le bilan global de l’entreprise reste tout de même positif. On saluera plus particulièrement la bonne tenue de la Grande Ecurie et la Chambre du Roy sous la direction de Jean-Claude Malgoire qui connaît son Monteverdi ainsi que la qualité du continuo.



Christophe Vetter

 

 

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