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Symbolisme épuré

Geneva
Grand Théâtre
03/28/2004 -  et le 31 mars ainsi que les 3, 6*, 9, 12 et 14 avril 2004
Richard Wagner: Parsifal
Bo Shovhus (Amfortas), Duccio Dal Monte (Titurel), Alfred Reiter (Gurnemanz), Robert Gambill (Parsifal), Günter von Kannen (Klingsor), Petra Lang (Kundry), Marie Devellereau, Hjördis Thébault, Michaela Selinger, Katharina Wingen, Christine Buffle, Sibyl Zanganelli (les Filles-Fleurs), Bisser Terziyski (Premier Chevalier), Wolfgang Barta (Deuxième Chevalier), Valérie MacCarthy (Premier Ecuyer), Martina Möller-Gosoge (Deuxième Ecuyer), Omar Garrido (Troisième Ecuyer), Vladimir Iliev (Quatrième Ecuyer)
Chœur du Grand Théâtre (Ching-Lien Wu, préparation), Chœur Orfeus de Sofia (Krum Maximov, préparation), Orchestre de la Suisse romande, Armin Jordan (direction musicale), Roland Aeschlimann (mise en scène et décors)

C’est à un Parsifal tout en symboles lumineux et géométriques que nous convie le Grand Théâtre de Genève, dans une production de Roland Aeschlimann. Le grand mérite du metteur en scène suisse est d’avoir réussi à rester sobre dans sa conception de l’œuvre et à ne pas surcharger le plateau d’allusions aussi lourdes que nombreuses. Une réserve, tout de même: la symbolique apparaît globalement disparate, sans fil conducteur apparent, si ce n’est la lumière bleue qui inonde la scène et qui se décline en nuances différentes au gré de chaque partie du spectacle. Au premier acte, les Chevaliers du Graal apparaissent masqués et armés de boucliers. Dans le deuxième, une lance gigantesque occupe l’espace, basculant pour indiquer la victoire de Parsifal sur Klingsor; un kaléidoscope géant souligne le pouvoir d’envoûtement de ce dernier. Et au dernier acte, une multitude de statuettes de Bouddha sont dispersées sur le plateau; le Graal n’est pas la coupe ayant recueilli le sang du Christ mais un bloc doré flottant au-dessus de la scène. Et la toute dernière image voit Kundry couchée dans les bras d’Amfortas, à la manière de La Piété. En fin de compte, une réalisation soignée, à défaut d’être particulièrement originale, comme si le metteur en scène avait surtout voulu rendre hommage au travail de Wieland Wagner.


Vocalement, la distribution est de tout premier ordre, à commencer par l’Amfortas terriblement poignant de Bo Skovhus, dont l’air du premier acte donne déjà les frissons. Dommage seulement que son allemand ne soit pas toujours compréhensible, chose étonnante quand on sait qu’il fait l’essentiel de sa carrière à Vienne et à Munich. Mention spéciale aussi pour la jeune basse Alfred Reiter, qui incarne un Gurnemanz tout en sagesse et en dignité, avec un timbre profond et percutant et une diction exemplaire. Sans conteste, un nom à retenir! Dans le rôle-titre, Robert Gambill convainc entièrement dans l’évolution de son personnage, qui, de pur naïf se transforme en gardien des reliques sacrées. La voix porte admirablement, une performance d’autant plus remarquable que - on s’en souvient - à ses débuts le chanteur fréquentait plutôt les rôles rossiniens et mozartiens. Le changement de registre est en tout cas réussi. La Kundry de Petra Lang est tout entière faite de passion et de rage, même si la voix semble parfois un peu légère pour le rôle. Le Klingsor de Günter von Kannen apparaît quelque peu fatigué vocalement, mais son personnage n’en demeure pas moins terriblement expressif.

Le grand triomphateur du spectacle aura cependant été Armin Jordan, à la tête de l’Orchestre de la Suisse romande. Le chef connaît parfaitement la partition, pour l’avoir notamment déjà dirigée sur cette même scène en 1970. A l’unisson de la mise en scène, sa direction est épurée, allégée, sans effets grandiloquents ni pompeux, ne faisant que mieux ressortir l’extraordinaire ductilité de la masse sonore. Une grande soirée.





Claudio Poloni

 

 

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