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100% Arménie

Paris
Théâtre Mogador
04/03/2004 -  – et Vendredi 2 avril 2004 (Maisons-Alfort)
Arthur Aharonyan : La Ballade de Jonathan (création)
Soghomon Komitas : Suite des thèmes arméniens (arrangement Pehlivanian)
Aram Khatchaturian : Concerto pour violon – Spartacus (Première et deuxième suites, extraits)

Silvia Marcovici (violon)
Orchestre national d’Ile-de-France, George Pehlivanian (direction)


Un concert entier dédié à l’Arménie? C’est à l’Orchestre national d’Ile-de-France, dont il faut à nouveau saluer la capacité à conjuguer programmation inventive et souci d’attirer un large public, qu’on devait cette initiative originale. D’origine arménienne, George Pehlivanian était tout indiqué pour diriger la musique de trois compositeurs de ce pays, fort judicieusement sélectionnés dans trois générations différentes. Et, par une curieuse coïncidence, à la tête d’un orchestre dont le chef principal désigné (à compter de septembre 2005), Yoel Levi, a remporté le premier prix du Concours de Besançon en 1978, le chef américain, lui-même premier prix en 1991, succédait à Alain Pâris, premier prix en 1968, qui s’était produit quelques heures plus tôt dans la même salle (voir ici).


Soghomon Komitas (1869-1935) peut être considéré comme le grand ancêtre de la musique arménienne: à l’image de Bartok en Hongrie, cet orphelin devenu moine parcourut son pays pour y recueillir des mélodies populaires, que, nanti d’une solide formation «occidentale» acquise à Paris et à Berlin, il harmonisa pour chœur ou pour quatuor. Pehlivanian en a sélectionné quatre, qu’il a lui-même arrangées pour orchestre à cordes (sans contrebasses) et intitulées Suite sur des thèmes arméniens.


Le caractère ensoleillé et savoureux de cette musique évoque nécessairement Aram Khatchaturian (1903-1978), qui s'appropria à sa manière les couleurs et les rythmes que Komitas avait ainsi revalorisés. On s'est hélas à peine rendu compte que 2003 fut l'année du centenaire du plus célèbre compositeur arménien. A défaut de découvertes, le programme se contente de deux de ses partitions les plus justement célèbres, ce qui ne veut pas dire pour autant qu'on les voie souvent à l'affiche. Olivier Charlier, présent dans la salle, avait justement donné le Concerto pour violon (1940)… en avril 1987 à Radio France sous la direction de Gabriel Chmura, et c’est à Saint-Quentin-en-Yvelines qu’il fallut se rendre, à l’automne dernier, pour l’entendre par Sergeï Khachatryan et Kurt Masur (voir ici). Silvia Marcovici ne le cède en rien à ses deux collègues: si elle fait preuve d’une sonorité plus fine que puissante, elle n’en saisit pas moins l’œuvre à bras-le-corps, à l’unisson d’un orchestre volontiers dramatique.


Les extraits des deux premières suites du ballet Spartacus (1956) recoupent en grande partie ceux choisis en janvier dernier à Radio France par Kirill Karabits (voir voir ici). Efficace, Pehlivanian dirige un orchestre en très belle santé, tour à tour pétaradant et langoureux. Inévitablement, c’est une Danse du sabre bien aiguisée qui sera d’abord donnée en bis, avant de conclure non moins frénétiquement par la Lezghinka également extraite du ballet Gayaneh (1942).


La nouvelle génération avait été représentée, en début de programme, par la création de La Ballade de Jonathan (2004) d’Arthur Aharonian. Né en 1962, le compositeur a trouvé l’inspiration de ce poème symphonique dans le livre de Richard Bach (1970), qui a été adapté au cinéma trois ans plus tard par Hall Bartlett. C’est précisément une suite de séquences cinématographiques que les quatre parties enchaînées (douze minutes) entendent constituer. Le style, qui tient de Villa-Lobos pour la couleur, de Stravinski pour le rythme ou de Khatchaturian pour le lyrisme généreux, a certes un (petit) air de déjà vu, mais cela n’empêche nullement que s’expriment à la fois une réelle sensibilité et un indéniable talent d’orchestrateur.



Simon Corley

 

 

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