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Autour du cor

Paris
Théâtre Mogador
03/27/2004 -  
Richard Strauss : Till Eulenspiegel (adaptation Franz Hasenöhrl) (*)
Marc-André Dalbavie : Trio pour violon, cor et piano (création) (#)
Béla Bartok : Contrastes, sz. 111 (#)
Leos Janacek : Concertino

Pascal Moraguès (clarinette), Marc Trenel (basson), André Cazalet (cor), Philippe Aïche (#), Eiichi Chijiiwa (*) (violons), Ana Bela Chaves (alto), Bernard Cazauran (contrebasse), Dimitri Vassilakis (piano)


Le samedi, en fin de matinée, l’Orchestre de Paris propose régulièrement une heure de musique de chambre conçue par l’un de ses solistes, qui y associe d’autres chefs de pupitre ainsi qu’un ou plusieurs artistes invités: c’était ainsi le tour d’André Cazalet, qui avait choisi quatre œuvres autour du thème «Tendances nationales - Vue d’aujourd’hui».


On soupçonnera le corniste d’avoir retenu Till Eulenspiegel (1895) de Richard Strauss pour se faire plaisir davantage que pour la cohérence du programme, mais qu’importe: car la réduction – à tous les sens du terme, puisque le poème symphonique ne dure plus que huit minutes au lieu d’un quart d’heure – de Franz Hasenöhrl (1885-1970), qui entoure l’indispensable cor d’un violon (Eiji Chijiiwa), d’une clarinette (Pascal Moraguès), d’un basson (Marc Trenel) et d’une contrebasse (Jacques Cazauran), trouve dans ces interprètes tout ce qu’il faut de fruité et de pétaradant pour que l’on oublie, un temps, la version originale.


A la demande d’André Cazalet et à la suite des fameux exemples de Brahms (1865) puis de Ligeti (1982), Marc-André Dalbavie, compositeur en résidence à l’Orchestre de Paris depuis 2000, s’est lancé dans l’écriture d’un Trio pour violon, cor et piano, dédié à ceux qui, outre le corniste, en assuraient la création à l’occasion de ce concert, à savoir Philippe Aïche, premier violon solo de l’Orchestre de Paris, et Dimitri Vassilakis, l’un des pianistes de l’Ensemble Intercontemporain. Etrangement, cette partition d’un seul tenant et d’une durée d’un peu moins de treize minutes semble d’abord tout faire pour éviter la réunion des trois instruments: en effet, les quatre premières minutes consistent en un dialogue entre le violon et le piano, et elles sont suivies d’un passage, plus bref, réservé au cor et au piano. L’aspect répétitif et volontiers consonant du discours rappelle parfois le Trio de Ligeti, notamment le caractère de mouvement perpétuel de son deuxième mouvement (Vivacissimo molto ritmico). Ensuite, ainsi que le souligne le compositeur lui-même, «la forme du trio émerge au fur et à mesure», pour conclure par un unisson sur une descente en valeurs longues. Si elle ne prétend sans doute pas aux sommets atteints par Brahms et Ligeti, la partition enrichira par sa qualité d’écriture et par son brio un répertoire qui demeure fort restreint pour cette formation.


Pour ce qui est des «tendances nationales» qui servaient d’enseigne à ce concert, les deux dernières œuvres parlaient d’elles-mêmes, avec d’abord les Contrastes (1938) de Bartok, toujours en compagnie de Dimitri Vassilakis et de Philippe Aïche, qui, comme son alter ego Roland Daugareil quelques jours plus tôt dans la Quatrième symphonie de Mahler (voir ici), doit recourir, dans le dernier mouvement, à un second violon accordé de façon différente. Mais, malgré la cadence virtuose qui lui est réservée dans ce même finale, c’est surtout le talent exceptionnel de Pascal Moraguès qui est mis en valeur.


On retrouvait enfin six des musiciens (ainsi que l’alto d’Ana Bela Chaves) dans le Concertino (1925) de Janacek, écrit pour piano et six instruments (deux violons, alto, clarinette, basson et cor) dans l’esprit de cet hymne à la nature qu’est La petite renarde rusée. Comme dans le Trio de Dalbavie, les deux premiers mouvements offrent deux duos successifs avec le piano: le cor (figurant le hérisson) et la petite clarinette (l’écureuil). Le piano sérieux et raffiné de Dimitri Vassilakis contraste avec l’accompagnement acide et rugueux, sans doute plus idiomatique, des solistes de l’Orchestre de Paris.


Cela étant, la qualité de ces séances du samedi matin mériterait, de la part de quelques spectateurs, davantage de respect pour les artistes et pour le reste du public, le concert ayant été constamment perturbé non, pour une fois, par les téléphones portables, mais par des conversations diverses à voix plus ou moins basse, l’agitation de certains enfants, des bruits de plastique froissé en fond de salle et les inévitables accès collectifs de toux.



Simon Corley

 

 

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