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Un bel hommage!

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/20/2004 -  
Marc-Antoine Charpentier : David et Jonathas

Mark Padmore (David), Jaël Azzaretti (Jonathas), Laurent Naouri (Saül), Andrew Foster-Williams (Achis), Richard Burkhard (Joabel), Daniel Auchincloss (La Pythonisse)
Orchestra of the Age of Enlightenment et Choir of the Enlightenment
Emmanuelle Haïm (direction)

En cette année commémorative de Marc-Antoine Charpentier, l’orchestra of the Age of Enlightenment, Emmanuelle Haïm et les solistes réunis pour l’occasion interprètent le célèbre oratorio David et Jonathas avec beaucoup de musicalité et d’expressivité.

La partition est pour cinq chanteurs solistes auxquels viendront s’adjoindre quelques interventions fugitives de bergers et autres guerriers.
Jaël Azzaretti, qui travaille beaucoup avec Emmanuelle Haïm et dont la carrière dans le baroque ne cesse de se développer, compose un sensible Jonathas. L’air “a-t-on jamais” est d’une émotion rare et on perçoit et la douleur du personnage et son envie de combattre le sort qui l’accable. La voix de la chanteuse a, ces derniers temps, gagné en rondeur et en velours et elle se prête admirablement à la détermination exprimée par le fils de Saül. Jaël Azzaretti diffuse une grande énergie mais sait aussi trouver des accents de douceur et d’élégance dans son duo avec David à l’acte II sur les mots “goûtons les charmes”.
Il faut dire qu’elle est épaulée par un remarquable Mark Padmore. La musicalité et la beauté de son timbre ne sont plus à démontrer et une fois de plus ses qualités se développent au contact de cette oeuvre. Il campe un David doux, élégant et son excellente prononciation lui permet de mettre en relief certains passages et de les rendre encore plus émouvants comme la toute dernière phrase qu’il prononce “tout est perdu” où il prolonge jusqu’à extinction du souffle le “u” de “perdu”. Le chanteur exploite les couleurs subtiles de sa voix notamment dans la descente sur “C’est Saül qu’il faut immoler” dans le premier acte et on perçoit nettement la blessure du héros.
Laurent Naouri est, comme toujours, souverain et il apporte une grande noblesse au personnage notamment dans la scène 2 de l’acte III, moment peut-être le plus magique de tout le concert et le chanteur est aidé par une direction particulièrement inspirée d’Emmanuelle Haïm qui pose le décor du drame dès les premières notes du passage. On retrouve ses accents si terribles dans le passage avec continuo quand il vocifère sur “barbare” à l’acte V.
Achis est chanté par la jeune basse Andrew Foster-Williams aux grandes qualités. Il interprète un roi des Philistins assez roué quand il vante les mérites de Saül au début du 3ème acte “vous vivez, vous régnez”. Sa voix est puissante et solide et possède une jolie palette de couleurs qu’il met en valeur pour souligner les tourments du personnage.
Richard Burkhard chante le rôle de Joabel et s’y montre bon. Toutefois son timbre de ténor est assez monotone et il éprouve des difficultés à nuancer son interprétation. Il assume la partition avec brio mais on souhaiterait entendre plus de différence dans les différents états du personnage mais on ne peut que souligner son engagement qui l’amène à presque crier “va, lâche, va languir” dans la scène 2 de l’acte II.
Pour les rôles secondaires, Emmanuelle Haïm a fait appel aux choristes du Choir of the Enlightenment. Globalement ils ont tous des voix solides mais il convient de souligner quelques interventions particulièrement marquantes. Richard Savage interprète l’ombre de Samuel avec une rare intensité et il va chercher des accents très profonds pour créer une ambiance effrayante propre aux Enfers. Daniel Auchincloss tente de donner corps à la Pythonisse et sa voix est chargée de belles nuances mais il ne peut toutefois faire oublier Dominique Visse qui, dans l’enregistrement de William Christie en 1988, était une magicienne autrement plus incisive. Les divers bergers et captifs sont également très bien tenus et apportent une certaine fraîcheur dans cette oeuvre si dense.


Emmanuelle Haïm dirige avec beaucoup d’énergie cet oratorio mais elle semble un petit moins à l’aise que dans Haendel ou Monterverdi. Ceci dit son interprétation ne mérite que des éloges et surtout pour les passages instrumentaux qui ponctuent chaque acte. Elle parvient à transmettre beaucoup d’émotion au début du quatrième acte, aidée pour cela par un pupitre de vents rempli de musicalité. Malgré quelques petits problèmes pour être ensemble, l’Orchestra of the Age of Enlightenment sonne très bien et on ne sait quel pupitre louer le plus. Les deux théorbistes jouent avec beaucoup de raffinement et le percussionniste tient sa partie avec conviction surtout quand il donne ses quelques coups de triangle.



Tous les éléments sont réunis pour proposer un superbe concert et le public ne s’y trompe pas, vu l’ovation finale qui est réservée aux interprètes. L’année qui vient donnera lieu à de nombreuses manifestations et on ne peut qu’espérer qu’elles soient d’aussi bonne qualité et surtout jouées avec autant d’engagement.





A noter:
- Emmanuelle Haïm et son ensemble Le Concert d’Astrée viennent de sortir une nouvelle intégrale de L’Orfeo de Monterverdi avec, dans les rôles principaux, Patrizia Ciofi et Ian Bostridge mais on retrouve également Natalie Dessay, Véronique Gens, Paul Agnew… chez Virgin Classics.


Manon Ardouin

 

 

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