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La Passion selon Masur

Paris
Cité de la musique
03/21/2004 -  
Johann Sebastian Bach : Passion selon Saint-Jean, BWV 245

Christoph Genz (Evangéliste), Siegfried Lorenz (Jésus), Kathouna Gadelia (soprano), Aurore Ugolin (mezzo), Sergeï Tkatchenko, Sébastien Droy (ténors), Vincent Deliau, Marc Mauillon (basses)
Chœur du département des disciplines vocales du Conservatoire de Paris, Catherine Simonpietri (chef de chœur)
Emmanuelle Guigues (viole de gambe), Massimo Moscaro (théorbe), Olivier Houette (clavecin), Elise Léonard, Matthieu Magnuszewski (orgue)
Orchestre du Conservatoire de Paris, Denis Comtet (assistant à la direction), Kurt Masur (direction)


Pour cette première apparition dans une saison pascale traditionnellement riche en Passions (1) et autres Leçons de ténèbres, c’est un plateau hétéroclite que la Cité de la musique avait rassemblé dans le cadre de son cycle Berio/Bach: un chef dont on imagine sans peine les affinités culturelles avec ce répertoire, même si l’on peut se demander s’il l’a beaucoup pratiqué dans la période récente; des chanteurs confirmés et des étudiants (solistes et choristes) du Conservatoire de Paris (CNSMDP); quatre chefs de pupitres de l’Orchestre national de France pour encadrer les musiciens de ce même conservatoire. Bref, ce n’est pas sans une certaine curiosité additionnée d’une petite dose d’appréhension que l’on attendait de voir comment cet assemblage inédit aller fonctionner devant un public qui avait entièrement rempli la Grande salle.


Kurt Masur a retenu un effectif assez fourni (trente cordes, vingt-cinq choristes), jouant bien entendu sur instruments «modernes» (par exemple, les «oboi da caccia» deviennent ainsi des cors anglais) et accompagné par un continuo composé d’une viole de gambe, d’un théorbe, d’un clavecin et d’un orgue. Une impression de confusion prédomine dans certains ensembles (chœur initial, scènes de foule), alors que les chorals et le chœur final, d’allure plus modérée, ressortent nettement mieux, la réverbération assez importante de la Grande salle expliquant probablement en grande partie ces phénomènes. Cela étant, les tempi sont plutôt vifs, l’ensemble ne dépassant pas l’heure trois quarts, mais l’articulation reste très traditionnelle, avec des basses très sonores. Compte tenu de la reconnaissance progressive des approches «baroquisantes», l’habitude s’est sans doute perdue d’une certaine emphase romantique, mais le chef allemand démontre, s’il en était besoin, une grande familiarité avec l’œuvre et mène parfaitement ses troupes avec une admirable intelligence des progressions, dont le choral final Ach Herr, lass dein’ lieb’ Engelein, repris en bis, fournit un excellent exemple.


Les deux rôles principaux forcent l’admiration, à commencer par l’Evangéliste de Christoph Genz, au timbre quelque peu nasal dans le grave, mais à la diction à la fois limpide et engagée, d’une irréprochable justesse aussi bien dans les notes que dans l’esprit. Le Jésus de Siegfried Lorenz n’a que peu à lui envier, lyrique et impérieux, incarnant un véritable personnage dont l’expression s’adoucit au fil de sa Passion.


Les autres parties étaient tenues par les solistes du département des disciplines vocales du Conservatoire de Paris. Lumineuse et vivante, la soprano Kathouna Gadelia convainc dans ses deux airs, même si son vibrato tend à devenir envahissant. La mezzo Aurore Ugolin manque de projection dans le grave, ce qui justifie peut-être sa prudence dans l’air Von den Stricken meiner Sünden, alors que sa seconde intervention (Es ist vollbracht, o Trost) paraît plus assurée. Parmi les deux ténors, on retiendra surtout la prestation de Sébastien Droy dans l’air Erwäge et l’arioso Mein Herz!, tant son alter ego aura paru malheureux aussi bien par un timbre ingrat que par une justesse contestable et une émission aléatoire. En revanche, les deux basses (Vincent Deliau et Marc Mauillon) se tiennent de peu, à un excellent niveau, quoique manquant encore un peu de rondeur et souffrant de petites imperfections de prononciation ou d’accent.


Le chœur, constitué d’éléments de ce même département des disciplines vocales du CNSMDP et préparé par Catherine Simonpietri, peine parfois à suivre la battue très personnelle de Masur, mais présente une homogénéité satisfaisante pour une formation ad hoc. L’Orchestre du Conservatoire de Paris a bénéficié de l’assistance de Luc Héry (violons), Sabine Toutain (altos), Jean-Luc Bourré (violoncelles) et Philippe Pierlot (harmonie), les trois premiers occupant d’ailleurs la seconde chaise de leurs pupitres respectifs. De même, le continuo était formé d’un attelage mixte, associant «professionnels» déjà reconnus (Emmanuelle Guigues à la viole de gambe et Massimo Moscardo au théorbe) à des étudiants pour le clavecin et l’orgue.


(1) La Saint-Jean par Paul Kuentz le 23 mars à Saint-Germain-des-Prés, la Saint-Matthieu par Jean-Claude Malgoire le 3 avril au Théâtre des Champs-Elysées et par Sigiswald Kuijken le même soir à Radio France.



Simon Corley

 

 

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