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Nouvelle exhumation händelienne

Zurich
Opernhaus
03/14/2004 -  et les 16, 18*, 20, 24, 26 et 28 mars 2004
Georg Friedrich Händel: Radamisto
Marijana Mijanovic (Radamisto), Liliana Nikiteanu (Zenobia), Reinhard Mayr (Tridate), Malin Hartelius (Polissena), Isabel Rey (Tigrane), Elizabeth Rae Magnuson (Fraarte), Rolf Haunstein (Farasmane)
Orchestre La Scintilla de l’Opéra de Zurich, William Christie (direction musicale), Claus Guth (mise en scène)

A l’instar de nombre d’institutions lyriques ces dernières années, l’Opernhaus de Zurich a tenu, lui aussi, à exhumer une partition inconnue de Händel. Le choix s’est porté sur Radamisto, un opera seria créé en 1720 au King’s Theatre de Londres. A la tête de l’entreprise, William Christie s’est une nouvelle fois affirmé comme l’un des plus éminents spécialistes du compositeur. Dirigeant l’ensemble La Scintilla, composé d’instrumentistes baroques de l’Opéra de Zurich, il a offert une lecture à la fois précise et dynamique de l’œuvre, avec une riche palette de contrastes et de couleurs. Si le son n’a pas (encore?) la souplesse de celui des Arts florissants par exemple, il faut néanmoins reconnaître l’énorme travail en profondeur accompli par le chef, qui en peu de temps est devenu un habitué de la fosse zurichoise (il a déjà présenté ici Iphigénie en Tauride, Orphée et Eurydice et Les Indes galantes).


A l’exception du rôle-titre, tous les solistes sont des membres de la troupe de l’Opéra. Or, globalement, il faut reconnaître que le résultat est plutôt mitigé. S’ils ont beau convaincre sur le plan scénique, les deux hommes de la distribution sont totalement hors de propos dans ce répertoire, sans parler de leur diction épouvantable. Heureusement, les femmes sauvent l’honneur. Isabel Rey et Elizabeth Rae Magnuson affichent d’indéniables talents d'actrices, mais forment un duo vocal plutôt mécaniquement virtuose que véritablement musicien. Même si son phrasé n’est pas des plus fins, Liliana Nikiteanu sait, elle, rendre avec justesse quelques-uns des plus beaux passages de tout l’opéra. Aucune réserve en revanche pour la splendide prestation de Malin Hartelius, qui offre par ailleurs une scène d’anthologie de la femme trahie faisant ses valises. Et, à tout seigneur tout honneur, on ne peut que louer la performance de Marijana Mijanovic dans le rôle de Radamisto. Bien que sa voix ne soit pas des plus puissantes, on reste stupéfait devant tant de maîtrise technique et un son aussi grave et viril, capable également d’aigus étincelants. Physiquement parlant, les rôles de travestis lui vont comme un gant, si on peut dire. Après des débuts fracassants ici même il y a une année dans Il Trionfo del Tempo e del Disinganno, la chanteuse serbe est en passe de devenir la coqueluche du public zurichois.


L’aspect scénique du spectacle a lui aussi largement contribué à son succès, grâce notamment à un beau dispositif (Christian Schmidt), à la fois pratique et intelligent: un plateau central circulaire pivotant fait apparaître deux parties en demi-cercle représentant respectivement une salle à manger et une chambre à coucher de ce qui pourrait être un hôtel particulier de grand luxe. Entre les deux, des couloirs sombres mènent aux différentes pièces. Le rideau s’ouvre sur un repas de famille transposé à notre époque, auquel participent tous les protagonistes de l’œuvre, des grands bourgeois d’aujourd’hui. L’opéra se terminera exactement par la même image, après de nombreuses rotations du plateau, comme si rien n’avait changé pendant toute la durée du spectacle. L’action se déroule dans un mélange de réalité, de rêve et de fantaisie. Ainsi, pendant leurs airs, les solistes se détachent des autres personnages pour passer d’une pièce à l’autre, retrouvant leur position d’origine à la fin de leur morceau. Tous les rôles sont clairement caractérisés, certains subtilement, d’autres frôlant la caricature ou le cliché, comme le tyran Tiridate qui apparaît en mafieux névrosé, abusant de l’alcool, des médicaments et de la cigarette. En outre, des danseurs dédoublent la plupart des solistes vocaux. En fin de compte, rien de fondamentalement original, mais on reste sur la très agréable impression que le metteur en scène a des idées et qu’il a réussi à les transposer de manière intelligente, avec quelques petits excès il est vrai, mais sans dénaturer l’ouvrage. Une réussite.




Claudio Poloni

 

 

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