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Miroirs

Paris
Cité de la musique
03/20/2004 -  
Johann Sebastian Bach : Concerto pour violon, BWV 1041 (*) – Concerto pour clavecin, BWV 1052 (+)
Luciano Berio : Corale (#) – Tempi concertati (&)


Sirkka-Liisa Kaakinen-Pilch (*), Hae-Sun Kang (#) (violon), Kenneth Weiss (+) (clavecin), Emmanuelle Ophèle-Gaubert (&) (flûte)
Collegium vocale de Gand, Philippe Herreweghe (direction) (* +), Ensemble Intercontemporain, Jonathan Nott (direction) (# &)


Deux compositeurs, deux concertos chacun, deux orchestres: le jeu de miroirs était particulièrement poussé pour la suite du vaste cycle Berio/Bach en cours à la Cité de la musique, cette fois-ci autour du concerto, un genre amplement illustré aussi bien par l’un que par l’autre, continuant ainsi de susciter, à la satisfaction d’un public toujours très nombreux, des confrontations inattendues.


Dans le Concerto pour violon en la mineur de Bach, Philippe Herreweghe dirige les dix cordes et le clavecin de son Collegium vocale dans une lecture d’une merveilleuse clarté, bondissante et bien marquée. Sirkka-Liisa Kaakinen-Pilch, premier violon de l’ensemble gantois, sert la partie soliste, discrètement ornementée, avec un caractère fantasque et exubérant qui rappelle la dette que le compositeur saxon avait à l’égard de Vivaldi s’agissant du style concertant.


Corale (1982) constituait un parfait miroir à ce concerto. Non seulement cette pièce fait appel à un accompagnement quasi identique (seize cordes et deux cors), traité, au fond, d’une manière comparable (prolongeant et complétant le discours du violon solo), non seulement sa note pivot est le la, non seulement son titre renvoie à Bach, mais, surtout, elle illustre un processus de création maintes fois utilisé par les deux compositeurs, par ailleurs tous deux prompts à adapter d’autres compositeurs: la reprise de leurs propres œuvres, sous une forme plus ou moins travaillée, pour un autre effectif instrumental. Bach avait ainsi transcrit pour clavecin son Concerto pour violon; Berio, dans sa série intitulée Chemins, à laquelle se rattache Corale, développe sous forme concertante les pistes ouvertes par certaines de ses quatorze Sequenze destinées chacune à un instrument soliste: c’est ainsi la Sequenza VIII (1979) pour violon qui sert de point de départ à Corale. A la tête de l’Ensemble Intercontemporain, Jonathan Nott, distrait ou farceur, pose la partition de Hae-Sun Kang… à l’envers sur son pupitre, mais la soliste se sortira sans peine des grands gestes typiquement violonistiques et des notes ou courtes cellules répétées qui parsèment ces seize minutes.


La seconde partie du programme proposait la même alternance et, consécutivement, les mêmes changements de plateau, fort heureusement réalisés, compte tenu de leur importance, avec une remarquable efficacité. Dans le Concerto pour clavecin en ré mineur de Bach, Herreweghe assure à nouveau un arrière-plan dramatique et nerveux à la prestation au scalpel de Kenneth Weiss.


A défaut, pour d’évidentes raisons de format instrumental, de proposer ensuite l’un des deux concertos pour piano de Berio, c’est une partition avec flûte soliste qui avait été retenue. Un an après la Sequenza écrite pour cet instrument, le compositeur italien, dans Tempi concertati (1959), combine plusieurs paramètres qui tendent à une redoutable complexité: une écriture sérielle bien dans la manière de ces années-là, une spatialisation très travaillée (quatre groupes de cinq à sept instruments, comprenant notamment deux pianos et deux harpes, ainsi qu’un violon presque sur le même pied que le soliste) et la liberté laissée aux interprètes, pour certains passages déterminés, qui introduit un élément aléatoire. Toutefois, comme souvent chez Berio, les contraintes techniques ne nuisent nullement à la finesse des timbres et au caractère léger, ludique et virtuose de la partie soliste, admirablement tenue par Emmanuelle Ophèle-Gaubert, qui tantôt s’oppose à la masse de l’orchestre, tantôt dialogue avec un ou plusieurs musiciens issus de l’un ou de plusieurs des quatre groupes.



Simon Corley

 

 

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