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Pausole contre David Lausanne
Théâtre de Beaulieu
02/03/2004 -
Arthur Honegger: Les Aventures du Roi Pausole
Pierre Villa-Loumagne (le Roi Pausole), Vincent Vittoz (Taxis), Anouschka Lara (la Blanche Aline), Sébastien Droy (Giglio), Claudia Mauro (Mirabelle), Myriam Boucris (Diane à la Houppe), Jeanne Mary Lévy (Dame Perchuque), Guillaume Crausaz (le Métayer), Lauranne Jaquier (Thierette), Matthias Reusser (le Brigadier), Marie-France Baechler, Joelle Delley, Monika Käch, Anne-Laure Kénol, Véronique Rossier, Catherine Torriani (les six Reines)
Vincent Vittoz (mise en scène), Alain Hocine (chorégraphie)
Danseurs de l’Atelier Rudra Béjart Lausanne, Chœurs de l’Opéra de Fribourg, Orchestre de Chambre de Genève, Laurent Gendre (direction musicale)
Avec une année d’avance sur les célébrations du 50e anniversaire de la mort d’Arthur Honegger en 2005, deux nouvelles productions, l’une en France, l’autre en Suisse, du Roi Pausole viennent coup sur coup nous rappeler que le compositeur de l’austère Roi David savait aussi ne pas se prendre au sérieux. Si le spectacle présenté dans l’Hexagone par l’Opéra de Toulon (voir l’article de Simon Corley ici) suscite quelques réserves, notamment musicales, la production helvétique remporte quant à elle tous les suffrages.
En 1986, un groupe de lyricomanes de Fribourg (petite ville de Suisse romande qui ne possède pas d’opéra) décide de monter pour les Fêtes les Noces de Figaro, qui seront suivies d’une nouvelle production chaque année. Au fil du temps, les spectacles se bonifient et prennent de l’ampleur, au point que Le Roi Pausole présenté aujourd’hui n’a pas grand-chose à envier aux productions des théâtres institutionnalisés.
Dans un décor modulable à différents niveaux, Vincent Vittoz a su monter un spectacle tout entier placé sous le signe de la fraîcheur et de la spontanéité, à l’instar des performances de ses interprètes. Sans jamais tomber dans la vulgarité ou le voyeurisme, le metteur en scène compose une série de tableaux coquins, où tout est habilement et malicieusement suggéré, grâce aussi aux élèves de l’école de Maurice Béjart, qui dansent sur des chorégraphies sexy en diable. Et le livret d’Albert Willemetz, d’après un roman de Pierre Louÿs, est fort judicieusement mis au goût du jour à l’aide de références et de calembours contemporains, pour le plus grand plaisir du public. Léger et pétillant, tels sont les deux adjectifs qui pourraient le mieux qualifier le spectacle.
La direction musicale de Laurent Gendre, à la tête de l’Orchestre de Chambre de Genève, est au diapason des intentions du metteur en scène. Le jeune chef sait rendre à merveille l’humour de la partition, tout en assurant une remarquable cohésion à l’ensemble. Dans la distribution, on retient surtout le Pausole naïf et éberlué de Pierre Villa-Loumagne, le Taxis retors du metteur en scène Vincent Vittoz ainsi que la très belle voix d’Anouschka Lara en Aline, même si tous mériteraient d’être cités.
Dernière occasion de se régaler aux Aventures du Roi Pausole: le 8 février à l’Opéra Théâtre de Besançon.
Claudio Poloni
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