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Une mozartienne égarée

Paris
Châtelet
02/01/2004 -  
Ludwig Van Beethoven : Coriolon Ouverture
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n°39 et airs d'opéra

Jaël Azzaretti (soprano) - Jérôme Ducros (piano)
Ensemble Orchestral de Paris
Alain Altinoglu (direction)

Alors que Mireille Delunsch devait proposer l’un de ses premiers grands récitals parisiens, la chanteuse a déclaré forfait et a laissé la place à une jeune soprano qui ne cesse de faire parler d’elle depuis quelques années dans le monde baroque: Jaël Azzaretti. Malheureusement elle n’arrive pas à donner le meilleur d’elle-même à cause d’un répertoire qui semble ne pas vraiment lui convenir et qui demande des moyens différents de ceux qu’elle possède.



Du programme initial, Jaël Azzaretti a conservé l’air de concert de Mozart “Ch’io mi scordi di te” qu’elle interprète en compagnie du pianiste Jérôme Ducros. Même si elle tente de donner corps à cette partition et de dépasser ses limites, elle n’a pas une voix suffisamment puissante et corsée pour tenir les notes graves et tendues de cet air. Mais si elle peine un peu dans le début, elle retrouve la brillance et la luminosité de sa voix dans la dernière partie de l’air, là où certaines sopranos, plus lyriques, éprouvent des difficultés. Elle est toutefois parfaitement épaulée par le pianiste qui se révèle subtil et délicat et qui prépare ses notes avec retenue et douceur.
Il est indéniable que Jaël Azzaretti n’a pas - encore - les moyens pour incarner une Constance convaincante de L’Enlèvement au sérail. Le personnage reste fluet et on ne se retrouve guère en présence d’une femme qui clame sa fidélité jusque dans la mort pour Belmonte. La voix est très jolie notamment dans la montée finale et elle essaie d’insuffler une certaine vigueur aux différents “nichts” de “Martern aller Arten”. Le chef adopte, ici, un tempo un peu trop rapide, rendant l’air encore plus difficile.
Jaël Azzaretti a déjà chanté le rôle de Zaïde en 2001 à Massy avec grand succès et elle apporte de charmantes couleurs à l’air fameux mais très difficile “Ruhe Sanft”. Elle appuie particulièrement “da” et “schau”, deux mots qui lui servent de tremplin pour continuer sa phrase.
Mais s’il ne fallait garder qu’un souvenir de ce concert, ce serait l’air d‘Aspasie dans Mitridate “Nel grave tormento”. Dans ce passage Jaël Azzaretti retrouve ses qualités premières ainsi que son timbre de voix. Parfaitement à l’aise dans les vocalises et dans les notes piquées, elle brosse en quelques notes une Aspasie tourmentée, criante, vraie. La voix devient beaucoup plus pleine, fournie et autant la chanteuse se sent à l’aise et dans son élément. Un grand moment et qui conforte dans l’idée que Jaël Azzaretti est vouée à devenir une grande mozartienne.


La direction d’Alain Altinoglu est honnête, précise mais sans grande originalité. Il apporte beaucoup d’énergie à l’ouverture de Coriolan de Beethoven - peut-être un peu trop - parfois au dépens de la cohésion de l’oeuvre. Il se montre également attentif à la soprano et prépare ses entrées mais parfois on sent Jaël Azzaretti se détacher de sa direction pour donner des couleurs plus mozartiennes à son interprétation. L’Ensemble Orchestral de Paris est, en revanche, digne de sa réputation et il convient de souligner la subtilité du pupitre des violons dans le début du deuxième mouvement de la symphonie de Mozart et celle des vent dans le troisième mouvement.


A l’issue de ce concert on ne peut que souhaiter revoir cette chanteuse plus que prometteuse dans de meilleures conditions et dans un répertoire plus adapté à sa voix et à ses grandes qualités expressives et vocales. Mozart est un compositeur qui lui va comme un gant mais on préférera rester sur l’excellente impression qu’elle avait produite dans La Betulia Liberata en novembre dernier au Théâtre des Champs-Elysées sous la direction de Christophe Rousset.



A noter:
On retrouvera Jaël Azzaretti dans David et Jonathas de Charpentier au TCE le 20 mars 2004, sous la direction d'Emmanuelle Haïm.


Manon Ardouin

 

 

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