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Energie Paris Théâtre des Bouffes du Nord 01/26/2004 - Antonin Dvorak : Quatuor n° 11, opus 61
Johannes Brahms : Quintette avec piano, opus 34
Quatuor Prazak, Frank Braley (piano)
Le Quatuor Prazak tient régulièrement l’affiche à Paris comme dans le reste de la France, et qui songerait à s’en plaindre, tant chacun de ses concerts justifie comme rarement l’expression de «musique vivante», exaltation de l’instant qui ne justifie pas pour autant tous les débordements. Ses visites ont également ceci d’agréable qu’il en profite souvent pour travailler avec des musiciens français, en l’espèce, en seconde partie de programme, le pianiste Frank Braley.
En première partie, les Tchèques confèrent au Onzième quatuor (1881) de Dvorak, dont ils interprètent la reprise du premier mouvement, une ampleur qui souligne sa dimension symphonique. Animés par une formidable énergie, un souci permanent d’expression, un élan et une vitalité qui annoncent parfois déjà Janacek, une évidence et un naturel que l’on imagine idiomatiques, ils manifestent un plaisir de jouer qui se communique au public du Théâtre des Bouffes du Nord, venu nombreux comme de coutume.
Le Quintette avec piano (1865) de Brahms s’enchaîne harmonieusement, tant l’œuvre de Dvorak, si elle conserve de fortes inflexions nationales, n’est pas dépourvue d’affinités avec le style du compositeur allemand. Voici trois ans, les Prazak avaient déjà proposé ce quintette à Radio France (voir ici), accompagnés de Nicholas Angelich, qui remplaçait alors Nelson Freire. Avec Frank Braley, ils en donnent une lecture «coup de poing» qui, sans doute, n’ouvre pas de profonds abîmes métaphysiques ou ne vise pas des sommets de musique pure, mais d’un engagement impressionnant, d’une sonorité puissante, débordante de sentiments, rageuse, comme si toutes les forces étaient jetées dans la bataille (Scherzo), au gré des grognements du violoncelle de Michal Kanka. Même dans l’Andante, un poco adagio, qui ne constitue parfois qu’une pause aimable entre les premier et troisième mouvements, la tension ne se relâchera pas. Ce qui fait le prix de tels instants, même si la prise de risque met parfois en défaut la fiabilité des deux violonistes, c’est que l’intérêt ne faiblit à aucun moment, tant les musiciens donnent l’impression de ne pas négliger la moindre note.
Simon Corley
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