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Une Bohème au ton juste

Geneva
Grand Théâtre
12/13/2003 -  et les 14 (B), 15 (A), 16 (B), 18 (A), 19* (B), 20 (A), 22 (B), 28 (A), 29 (B), 30 (A) et 31 (B) décembre 2003
Giacomo Puccini: La Bohème
Mary Mills (A)/Alexia Voulgaridou (B) (Mimi), Vincente Ombuena (A)/Stefano Secco (B) (Rodolfo), Luca Grassi (A)/Ludovic Tézier (B) (Marcello), Alexandre Vassiliev (A)/Paul Gay (B) (Colline), Olivier Lallouette (Schaunard), Valérie Millot (A)/Anne-Catherine Gillet (B) (Musetta), Bernard Van der Meersch (Benoît), Guy Bonfiglio (Alcindoro), Harry Draganov (le Douanier), Jun Rim Park (le Sergent), Slobodan Stankovic (un Vendeur)
Choeur du Grand Théâtre, Ching-Lien Wu (préparation), Maîtrise du Conservatoire populaire de Genève, Magali Dami (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Louis Langrée (direction)
Jean-Christophe Mast (mise en scène, d’après Jonathan Miller)

Tout a déjà été dit sur cette célèbre production de La Bohème signée Jonathan Miller, créée à Florence et présentée à plusieurs reprises à Paris. Remontée avec efficacité sur la scène du Grand Théâtre par Jean-Christophe Mast, elle fascine toujours par sa cohérence et sa justesse de ton, en dépit (ou peut-être en raison?) de la transposition dans les années 1930. Douze représentations ayant été programmées pour les fêtes de fin d’année, une double distribution s’imposait. Vocalement parlant du moins, la seconde s’est révélée bien plus excitante que la première, jugée plutôt fade par les critiques. Malgré une diction parfois pâteuse, Ludovic Tézier confirme qu’il est en passe de devenir le baryton français le plus talentueux de la nouvelle génération. Le couple qu’il forme avec la Musetta vamp en diable d’Anne-Catherine Gillet, à la voix sensuelle et chaude, est particulièrement haut en couleur. Stefano Secco possède le lyrisme et les aigus de Rodolfo, même si la projection sonore est parfois un peu courte. Alexia Voulgaridou incarne une Mimi émouvante et ardente à la fois, donnant beaucoup d’épaisseur à un personnage qu’on a tendance à considérer comme plutôt passif. Après sa calamiteuse Manon Lescaut sur cette même scène il y a deux ans, Louis Langrée apporte un cinglant démenti à ceux qui pensaient que l’univers puccinien lui était étranger. Sous sa direction, l’Orchestre de la Suisse Romande oscille entre forte tension dramatique et lyrisme envoûtant, sans jamais tomber dans le pathos, rendant ainsi pleinement justice à une partition qui a bien d’autres mérites que de faire couler des larmes!


Claudio Poloni

 

 

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