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Cassard en noir et blanc Paris Salle Pleyel 03/09/2000 - Albert Roussel : Le Marchand de sable qui passe (musique de scène), opus 13
Maurice Ravel : Concerto pour piano en SOL
Alessandro Solbiati : Raggio (création mondiale)
Maurice Ravel : Ma Mère l’Oye (ballet intégral) Philippe Cassard (piano)
Ensemble orchestral de Paris, David Stern (direction)
C’est finalement Philippe Cassard, et non Bruno Rigutto, qui affronte le redoutable (tant pour le soliste que pour l’orchestre) Concerto en SOL de Ravel. On se réjouit de retrouver à cette occasion ce debussyste reconnu, qui se fait beaucoup trop rare à Paris. Faisant valoir une technique parfaitement au point, il donne une vision très analytique, objective et articulée d’une oeuvre dont il fait ressortir les aspects néo-classiques à la Stravinski ou même percussifs à la Bartók.
Cette conception originale est renforcée par la présence d’une formation orchestrale de petite taille (vingt-neuf cordes). Elle vient nous rappeler fort opportunément que le Concerto pour violon de Stravinski et le deuxième Concerto pour piano de Bartók sont exactement contemporains et que Honegger, quelques années plus tôt dans son Concertino pour piano, avait déjà mêlé jazz et retour au baroque. Mais elle
trouve sans doute ses limites en ne laissant que peu de place à la tendresse et à la nostalgie, éléments-clefs de l’univers ravélien.
En bis, Cassard offre une fulgurante interprétation du premier solo du Concerto pour la main gauche, dont il faut espérer qu’elle incitera un organisateur de concerts à nous en proposer l’intégralité dans les plus brefs délais.
David Stern, dirigeant un Ensemble orchestral de Paris pas toujours d’une grande précision dans le Concerto, avait par ailleurs choisi un programme fort intéressant, comprenant la création mondiale de Raggio (Rayon) d’Alessandro Solbiati. Compositeur italien âgé de 44 ans, formé par Franco Donatoni, il se dit plus proche de la démarche de Bruno Maderna et affirme vouloir donner une direction au discours musical, qui lui paraît trop souvent
faire défaut dans la musique contemporaine. C’est ce dont témoigne ce Raggio, courte pièce (neuf minutes) écrite pour un orchestre de chambre (bois, cors et trompettes par deux, timbales). D’une facture instrumentale plus classique que son langage, elle consiste
en une alternance de phases agitées et de moments statiques, conduisant vers une conclusion étrangement apaisée et consonante. Le chef et les musiciens tirent un excellent parti de cette musique particulièrement difficile à mettre en place.
Le rapprochement entre deux oeuvres composées durant la même année (1908) et destinées à illustrer des contes, à savoir l’évanescente musique de scène de Roussel, fauréenne dans sa délicatesse et ravélienne dans sa retenue, et le ballet de Ravel, rarement donné dans sa version intégrale, ouvrait des perspectives nouvelles. Dans Ma Mère l’Oye, David Stern procède avec méticulosité,
retient des tempi plutôt rapides (Les Entretiens de la Belle et de la Bête, Laideronnette, impératrice des pagodes), mais sait prend le temps d’une respiration ample dans ce Jardin féérique cher à son coeur, qui clôt ce concert en apothéose
Simon Corley
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