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La Monnaie
12/02/2003 -  et les 4, 7*, 9, 11, 13, 16, 18, 19, 20, 21, 23, 26, 27, 28, 30, 31 décembre 2003
Wolfgang Amadeus Mozart: Don Giovanni
Simon Keenlyside/ Umberto Chiummo (b) [Don Giovanni], Lorenzo Regazzo/ Petri Lindroos (b) [Leporello], Carmelia Remigio/ Elzbieta Szmytka (b) [Donna Anna], Malena Ernman/ Nataliya Kovalova (b) [Donna Elvira], Charles Workman/ Jonas Degerfeldt (b) [Don Ottavio], Tatiana Lisnic/ Sophie Karthäuser (b) [Zerlina], Taras Konoshchenko/ Pierre Doyen (b) [Masetto], Gregory Frank/ Rafal Siwek (b) [Il Commendatore]
(b) : les 19, 21, 27, 30 décembre 2003 ainsi qu’en janvier 2004 à l’Opéra de Lille
David McVicar (mise en scène), John Macfarlane (décors et costumes), Jennifer Tipton (lumières), Leah Hausman (chorégraphie), Renato Balsadonna (chef des chœurs),
Orchestre symphonique et Chœurs de la Monnaie, Kazushi Ono (direction musicale)
Nouvelle Production. Coproduction Théâtre Royal de la Monnaie Bruxelles-San Francisco Opera. En collaboration avec le Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg et l’Opéra de Lille

Saluons tout d’abord la politique artistique d’une maison d’opéra qui propose une programmation d’une intelligence et d’un sens de la curiosité tout à fait remarquables que l’on cherchera en vain dans d’autres villes. En l’espace de quatre mois, la Monnaie nous aura ainsi proposé la reprise d’un spectacle devenu culte (l’Agrippina de Haendel), la découverte d’un joyau du baroque (Marc’ Antonio e Cleopatra de Hasse), un opéra contemporain suffisamment intéressant pour bénéficier d’une reprogrammation (The Woman Who Walked Into Doors de Kris Defoort), l’exhumation amplement méritée d’un chef d’œuvre oublié (Le Roi Arthus de Chausson) pour terminer l’année avec un nouveau Don Giovanni, une des œuvres du répertoire les plus souvent représentées, confiée à une équipe qui permet une approche renouvelée mais respectueuse dans l’esprit de l’opéra de Mozart.
Le décor magnifique et impressionnant de John Macfarlane, évoque à la fois des palais, dont on aperçoit les colonnes, un cimetière, un no man’s land des plus lugubres : aucune couleur mis à part l’orange, le rouge, écrasés par des noirs, des gris soulignant bien la pulsion de mort à laquelle est soumis le personnage central et contre laquelle il lutte avec énergie.
Car David McVicar nous présente un Giovanni animal, violent, plus dans la perversion que jamais, utilisant les autres personnages comme des objets partiels qui n’existent plus dès lors qu’ils ne satisfont plus ses pulsions. Il faut dire que la participation de Simon Keenlyside permet admirablement cette conception, le baryton anglais répondant aux demandes de son metteur en scène avec un naturel, une énergie, un physique que peu d’interprètes du rôle possèdent. Il le « joue » également avec sa voix : homogène, puissante, raffinée, séductrice, en total accord avec sa caractérisation scénique.
McVicar utilise au maximum les capacités de son décorateur mais il emploie aussi un procédé d’une redoutable efficacité pour situer en un instant l’atmosphère de chacune des nombreuses scènes : la direction des figurants est maîtrisée à la perfection et complète avec bonheur celle des interprètes principaux . Une production d’une forte puissance émotionnelle, en particulier dans le finale du premier acte (annonciateur déjà de la fin de l’œuvre), la scène du cimetière, sans parler des retrouvailles de Don Giovanni avec le Commandeur où McVicar va jusqu’au bout de son point de vue et assume pleinement (certains trouveront trop) son optique morbide.
Sur le plan musical, on notera avec regret de nombreux décalages entre la fosse et l’orchestre sans que l’on ne sache qui en est responsable ! Peut-être la complexité des demandes du metteur en scène n’y est t elle pas étrangère… L’utilisation du pianoforte en continuo plutôt qu’un clavecin est justifié par Kazushi Ono afin de mieux répondre au caractère brillant et réaliste de l’œuvre du fait d’une sonorité limpide mais différenciée de l’instrument. Le directeur musical de la Monnaie privilégie en effet les contrastes, dans le volume et dans les tempi, construisant une belle pâte sonore, claire et précise, avec un orchestre au mieux de sa forme.
Si la distribution est bien évidemment dominée par le formidable Keenlyside, l’équipe de chanteurs se montre pour la plupart à la hauteur de la tâche aussi bien dramatique que vocale. On mettra simplement de côté le couple Anna-Ottavio : Carmelia Remigio est affligée d’un vibrato excessif qui gêne la ligne de chant et Charles Workman, malgré sa musicalité, ne parvient pas à faire oublier un timbre qui s’appauvrit mettant en danger la justesse.
Par contre, le Leporello de Lorenzo Regazzo est sans reproche : son jeu, sa diction, la qualité de sa palette de registres sont réjouissantes. Malena Ernman trouve en Elvira une tessiture idéale pour son mezzo aigu qui ne rencontre ainsi aucune difficultés dans les registres extrêmes. Tatiana Lisnic, quoiqu’un peu courte de volume, caractérise bien son personnage ainsi que Taras Konoshchenko, bon Masetto. On aurait aimé des graves un peu plus solides en ce qui concerne le Commandeur de Gregory Frank, qui manque de déséquilibrer le trio des basses dans la scène finale.
Un magnifique spectacle qu’on aura le plaisir de revoir avec une autre distribution le mois prochain (15, 17, 20, 23 et 25 janvier 2004) dans un Opéra de Lille tout juste restauré.



Christophe Vetter

 

 

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