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Réjouissant

Paris
Salle Cortot
12/12/2003 -  
Franz Schubert : Fantaisie, D. 1 – Allegro, D. 947 – Trois Ländler, D. 618 (extraits) – Marches caractéristiques, D. 886 – Ouverture, D. 675 – Six polonaises, D. 624 (extraits) – Variations en la bémol, D. 813

Christian Ivaldi, Jean-Claude Pennetier (piano à quatre mains)

Cinq soirées! Il ne faut pas moins de cinq soirées pour présenter l’intégrale de l’œuvre pour piano à quatre mains de Schubert. Noel Lee et Christian Ivaldi l’avaient enregistrée il y a un quart de siècle chez Arion. C’est désormais associé à Jean-Claude Pennetier qu’Ivaldi parcourt à nouveau, depuis novembre et jusqu’en mars prochain, cet immense territoire, qui s’étend de la prime jeunesse (1810) aux dernières semaines (1828) du compositeur. Chacun des volets de cette intégrale est astucieusement conçu comme un concert autonome, évitant ainsi la monotonie d’une présentation purement chronologique ou thématique (sonates, fantaisies, divertissements, ouvertures, variations, danses, marches, …), au point que certains recueils de danses sont échelonnés sur deux concerts.


C’est par le premier numéro du catalogue Deutsch que débutait le deuxième épisode de cette saga. Au-delà des maladresses et des naïvetés, au-delà des influences (Mozart, les Italiens), cette Fantaisie (1810) est déjà emblématique de Schubert, tant par son titre (trois autres suivront, dont l’ultime en fa mineur) que par son déroulement (nombreux changements de climats) ou par ses enchaînements harmoniques inattendus. Les deux pianistes soulignent avec un plaisir non dissimulé les excès de cette partition d’un jeune homme âgé de treize ans, qui exacerbe la discontinuité inhérente au genre, qui maîtrise avec peine une forme ample (près de vingt minutes), mais qui est soucieux de faire briller et dialoguer de façon complice les deux partenaires.


Contraste saisissant, tant d’époque que de caractère, avec l’Allegro en la mineur (1828), composé dans la foulée de la fameuse Fantaisie en fa mineur et baptisé Lebensstürme lorsqu’il fut édité dix ans plus tard par Diabelli. Pennetier et Ivaldi soulignent la dimension symphonique de cette pièce qui était peut-être destinée à être le premier mouvement d’une sonate. C’est un Schubert plus souriant qui mettait un terme à la première partie, avec deux des trois brefs Ländler D. 618 (1818), puis les deux Marches caractéristiques D. 886 (1826), véritables scherzi miniatures d’une étourdissante virtuosité d’écriture, le premier citant celui de la Sixième symphonie et le second évoquant d’assez près celui du Grand duo, également dans la tonalité d’ut majeur.


L’Ouverture en fa majeur (1819) traduit, dans la forme plus que dans le langage, une influence beethovenienne, et les interprètes y privilégient l’élan, la vigueur et la netteté. Mais ils savent également faire preuve de rondeur dans les trois Polonaises (1826) extraites d’un recueil de six (D. 824), plus typiquement schubertiennes dans leur délicat jeu d’ombres et de lumières. Ce programme remarquablement construit se concluait sur l’un des plus ambitieux monuments dédiés à cette formation, les Variations en la bémol (1824), où Ivaldi et Pennetier mettent en valeur la cinquième variation – dont le rythme et la couleur rappellent si étrangement l’Allegretto de la Septième symphonie de Beethoven – ainsi que la septième aux harmonies d’une audace et d’un raffinement inouïs.


Le public, qui avait largement garni les gradins du petit amphithéâtre construit par Auguste Perret, obtient deux Polonaises supplémentaires: un avant-goût du prochain concert de la série (le 15 janvier), avec la sixième du recueil D. 824, et, à nouveau, la troisième de ce même recueil.



Simon Corley

 

 

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