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Pourquoi pas ? Montreal
Salle Claude-Champagne
12/03/2003 -
Ralph Vaughan Williams : On Wenlock Edge
Francesco Paulo Tosti : Mélodies
Ben Heppner (ténor)
Membres d’I Musici de Montréal
John Hess (piano et direction)
Plutôt original, ce concert gala donné au bénéfice de l’orchestre de chambre I Musici de Montréal, autant par sa structure singulière, voire inusitée, que par son programme apparemment tout aussi exceptionnel, mettant en vedette le célébrissime ténor dramatique Ben Heppner. Les inquiétudes étaient bien réelles, quelques heures encore avant l’événement. Entendu récemment dans Tristan au Met de New York, Heppner avait livré une performance absolument extraordinaire, vocalement et dramatiquement, lui qui a connu de graves problèmes, d’ordre vocal justement, dans les dernières années. On ne pouvait que se réjouir du retour en force de ce grand artiste. Cependant, on apprenait avec consternation que quelques jours avant d’arriver à Montréal, le chanteur avait dû interrompre un récital à Toronto, incapable de terminer son programme. On s’attendait donc au pire, et le soulagement de le voir entrer en scène fut d’autant plus grand. Prudent, Heppner retire du programme les deux athlétiques Handel initialement prévus, et se lance d’emblée dans le rare cycle de Vaughan Williams. L’œuvre est caractéristique, dégage un agréable parfum folklorique qui fait très «ballade anglaise», et l’interprète y apporte un réel souci du texte, sa voix évoquant une atmosphère chaleureuse et mélancolique qui enveloppe la salle. Première partie de concert tronquée, certes, nous voici vite rendus chez Tosti. On peut accepter ou refuser cette musique, comme on peut accepter ou refuser qu’un chanteur comme Heppner y consacre son travail au concert et au récital. Il suffit toutefois de l’entendre à l’œuvre pour mettre au rancart toute forme de préjugés ou de réserves, tant la conviction et la poignante sincérité avec laquelle le chanteur livre ces mélodies sont prenantes et communicatives. La soirée se termine dans la plus unanime satisfaction, malgré qu’on ne puisse éviter une certaine redite après neuf de ces charmantes pièces (plus deux données en bis !). Pour ce qui est de l’exécution proprement dite, on remarque une certaine sécheresse (à laquelle il faudra manifestement s’habituer) dans le bas de la tessiture, et bien qu’aucun incident majeur ne soit à signaler, on sent la voix à un cheveu de craquer à la fin d’une des romances. Toujours pressenti pour de nombreux Wagner un peu partout à travers le monde, de même que pour l’ouverture du Met en Otello l’automne prochain, souhaitons à Ben Heppner de retrouver la stabilité technique qui lui permettra encore de donner la pleine mesure de lui-même au concert et au récital, lui qui demeure l’un des plus importants artistes lyriques d’aujourd’hui.
Renaud Loranger
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