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Paris-Prague Paris Centre tchèque 11/29/2003 - Bohuslav Martinu : Sonate pour piano et violoncelle n° 2, H. 286 – Sonate pour piano et violon n° 3, H. 303
Ernest Chausson : Trio avec piano, opus 3
Trio des Iscles: Pierre-Olivier Queyras (violon), Véronique Marin (violoncelle), Frédéric Lagarde (piano)
Dans le cadre d’une programmation toujours aussi riche, le Centre tchèque a invité le Trio des Iscles à donner un cycle de quatre concerts confrontant musique tchèque et musique française. Pour ce troisième volet, présenté comme de coutume par le chaleureux conteur qu’est Guy Erismann, deux sonates de Martinu étaient suivies du rare Trio avec piano de Chausson.
Constitué en 1988 par trois musiciens de l’ensemble FA, le Trio des Iscles est familier de la musique de Martinu, dont il gravé une intégrale en 1996. Il se présente d’abord en ordre dispersé, avec la Deuxième sonate pour piano et violoncelle (hiver 1941) de Martinu, l’une de ses premières œuvres américaines. Sombre et tourmentée, elle trouve en Véronique Marin une interprète au lyrisme souple et à l’énergie véhémente, soutenue par le piano solide et bien rythmé de Frédéric Lagarde.
Dans la Troisième sonate pour piano et violon (novembre-décembre 1944), plus expansive, plus tchèque aussi dans son Scherzo, le climat a radicalement évolué. Même si Martinu n’a pas abordé le genre depuis Paris (1931), il vient de composer un Second concerto pour violon destiné à Mischa Elman et livre une partition ambitieuse, également dotée d’une redoutable partie de piano, qui annonce déjà l’écriture des Etudes et polkas de l’été 1945. Ici aussi, l’engagement et la musicalité de Pierre-Olivier Queyras et Frédéric Lagarde sont à la hauteur du défi.
Difficile, même pour Erismann, de faire le lien avec la seconde partie du concert, entièrement consacrée au Trio avec piano (1881) de Chausson. S’il a évoqué Dvorak et ses quatre trios, que le Trio des Iscles vient précisément d’enregistrer, on aurait aussi bien pu penser au Trio avec piano de Smetana, composé en 1855 (l’année de naissance du compositeur français) dans la même tonalité de sol mineur. Cela étant, Chausson a écrit son Trio durant ses années d’études: si son romantisme s’y manifeste sans doute de façon plus exubérante, voire théâtrale, que dans la tristesse retenue de son style de la maturité, on n’en reconnaît pas moins aisément la noble générosité du propos et du flux mélodique, avec un scherzo mendelssohnien dont un thème annonce d’ailleurs le dernier mouvement du Concert pour piano, violon et quatuor à cordes. Le Trio des Iscles s’investit pleinement dans cette musique, qu’il restitue avec fougue et passion.
Quatrième (et dernier) concert du cycle le 13 décembre, avec la Sonate pour piano et violon en ré mineur et la Première sonate pour piano et violoncelle de Martinu ainsi que les Trios avec piano de Debussy et de Fauré.
Simon Corley
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