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Accord parfait

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/14/2003 -  
Ludwig van Beethoven : Romances, opus 40 et 50
Henri Dutilleux : Sur le même accord (création française)
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 5, opus 64

Anne-Sophie Mutter (violon)
Orchestre national de France, Kurt Masur (direction)


Affluence, et même cohue, avec rubrique «people» fournie (outre René Koering et René Bosc, pêle-mêle, Francis Mer, Etienne Vatelot, Nicolas Bacri, Benoît Duteurtre ou Krystof Maratka): on ne sait trop si le public du Théâtre des Champs-Elysées était venu, dans le cadre des «Paris de la musique» organisés par «Musique nouvelle en liberté», pour Anne-Sophie Mutter ou pour Henri Dutilleux, à moins que ce ne fût pour les deux...


Dans les deux Romances de Beethoven, la violoniste allemande investit fortement une musique qui ne requiert peut-être pas autant d’intentions expressives, mais fait étalage d’une rare variété de jeu et d’un son qui, s’il n’est pas toujours puissant ou enrobé, possède un caractère immédiatement reconnaissable.


Dutilleux en a manifestement tenu compte lorsque, après Lutoslawski, Penderecki ou Rihm, il a accepté de composer Sur le même accord (2001-2002), une pièce concertante de près de neuf minutes qui lui est dédiée et qu’elle a créée à Londres le 28 avril 2002, sous la direction de Kurt Masur. Le compositeur, absent pour la première française de cette partition, a opté pour un «nocturne», qui associe à la soliste une formation de dimension relativement réduite (bois – à l’exception des clarinettes, au nombre de trois –, cors, trompettes et trombones par deux, tuba, timbales, deux percussionnistes, harpe et cordes). Pour celui qui a écrit Ainsi la nuit, La Nuit étoilée ou L’Arbre des songes (un concerto pour violon, précisément, destiné à Isaac Stern), le sous-titre de «nocturne» ne peut nullement tenir du hasard. En tout cas, il ne s’agit en rien d’un mouvement lent ou d’une pièce effacée, mais plutôt d’une forme rhapsodique, qui laisse place à la virtuosité et dans laquelle les éléments constitutifs de son style – harmonies, couleurs instrumentales et lyrisme pudique – trouvent à s’exprimer à merveille dans le jeu de sa dédicataire, somptueux, éloquent et dépourvu d’aspérités. Création française immédiatement suivie… de sa seconde exécution, puisque les interprètes bissent l’intégralité du morceau.


L’Orchestre national a déjà donné la Cinquième symphonie de Tchaïkovski sous la direction d’Emmanuel Krivine voici à peine plus d’un an (voir ici), mais ces occurrences rapprochées sont loin de constituer un fâcheux doublon, tant la conception qu’en a Kurt Masur est presque totalement opposée: apollinienne, svelte (malgré des pupitres de bois et de cors renforcés chacun d’une unité dans les tutti), privilégiant à chaque instant la progression du discours plutôt que la narration épique, la musique pure plutôt que la musique à programme, et mettant en valeur la clarté des lignes sans souligner excessivement les détails. Dès l’Adagio introductif, le chef allemand parvient à planter le décor en quelques instants, conciliant ensuite élan et ampleur dans l’Allegro con anima. L’Andante cantabile se révèle allant, sans épanchements excessifs. Peut-être moins naturelle dans ses phrasés, la Valse proprement dite laisse place à une section centrale vive et nerveuse, parfaitement mise en place. Dans le finale, Masur conjugue remarquablement profondeur et verdeur, se contentant de laisser parler une partition admirablement orchestrée, qu’il ne juge pas utile de solliciter outre mesure. Saluée par de très nombreux rappels, cette soirée montre un Orchestre national au mieux de sa forme, qui fait corps autour de cette interprétation équilibrée et précise, applaudissant presque unanimement son directeur musical à la fin du concert.



Simon Corley

 

 

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