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Florentz dans les îles

Paris
Maison de Radio France
11/09/2003 -  
Jean-Louis Florentz : L’Enfant des îles, opus 16
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2, opus 18

Mark Zeltser (piano)
Orchestre national des Pays de la Loire, Hubert Soudant (direction)


Pour ce second concert parisien de l’Orchestre national des Pays de la Loire (voir par ailleurs ici), toujours donné dans le cadre du Festival «Paris de la musique», le programme était à la fois plus ramassé (soixante-cinq minutes sans entracte) et moins homogène (deux œuvres séparées par un siècle et, surtout, par des esthétiques divergentes).


Comme la veille avec Connesson et Cavanna, on a la chance de retrouver, pour L’Enfant des îles (2002) de Jean-Louis Florentz, les créateurs de l’œuvre. Le compositeur, dont Qsar Ghilâne vient d’être donné en première par l’Ensemble orchestral de Paris (voir ici), entend à nouveau nous transporter dans un ailleurs, géographique et spirituel: c’est à Madagascar, cette fois-ci, qu’il a trouvé, dans le chant d’une fillette entendu sur une plage puis dans la poésie de Jean-Joseph Rabearivelo (1901-1937), l’inspiration de ce «poème symphonique» de trente-trois minutes, écrit pour grand orchestre (bois, cors et trompettes par quatre, trois trombones, tuba, deux harpes, célesta, synthétiseur, percussion). Dans ces deux temps successifs (Brises marines puis Sylves insulaires) d’une durée à peu près égale, le côté chatoyant, ensoleillé, «forêt vierge» de cette musique fait plus que jamais penser à Villa-Lobos, mais avec une touche plus sereine, plus suave, plus confortable. Si le violon solo, auquel est dévolu le chant malgache, a un petit côté Shéhérazade, le propos n’est ni colonial, ni même nationaliste, et la musique traduit d’ailleurs fort bien un état d’esprit parfois inquiet. Une sorte de gamelan, constitué de deux marimbas, rappelle parfois Reich, tandis que les incantations à la Jolivet se combinent aux répétitions insistantes et colorées d’un Messiaen. Mais, de longue date, Florentz a fait d’un ensemble d’influences diverses un style propre, immédiatement reconnaissable. Ce qui frappe en particulier, c’est sa capacité à générer un flux continu à partir de courtes cellules simples qui s’enroulent sur elles-mêmes, produisant une sorte d’ivresse sonore. De ce point de vue, Hubert Soudant met parfaitement en valeur l’orchestration somptueuse et la puissance du discours.


Sans aucune autre justification que le plaisir musical, c’est le Deuxième concerto pour piano (1901) de Rachmaninov qui constituait la seconde partie de ce programme, fournissant l’occasion de retrouver un pianiste devenu rare, Mark Zeltser, Américain émigré de Moldavie dans les années 1970 et devenu alors un protégé de Karajan. Doigts d’acier et sonorité métallique, parfois même clinquante, il aborde avec assurance cette redoutable pièce de virtuosité. Droit, carré, distant, presque raide, son jeu ne fera aucune concession à quelque débordement romantique que ce soit, si l’on excepte une tendance à souligner les moments importants par un très fort ralentissement du tempo, et ce, dès les fameux accords introductifs. Comme la veille dans le Concerto pour la main gauche de Ravel, l’accompagnement en «fait» bien davantage que le soliste, avec un pupitre de hautbois qui passe son temps libre à commenter trop ostensiblement le déroulement des événements. En bis, la froideur implacable de Zeltser fait mouche dans la Suggestion diabolique opus 4 n° 4 (1908) de Prokofiev.


Ce concert sera diffusé sur France Musiques le jeudi 27 novembre à 20 heures.



Simon Corley

 

 

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