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Deux Lulu pour le prix d'une !

Paris
Opéra Bastille
11/03/2003 -  et 6, 9, 13, 17, 20 novembre 2003
Alban Berg : Lulu
Marisol Montalvo - Laura Aikin le 3 (Lulu), Anja Silja (Gräfin Geschwitz), Wolfgang Schöne (Dr Schön), David Kuebler (Alwa), Franz Mazura (Schigolch), Eirian James (Eine Theater Garderobiere, Der Gymnasiast), Claude Pia (Der Mahler), Alain Marcel (Der Medizinalrat, Der Professor), Robert Wörle (Der Prinz), Stephen West (Der Tierbändiger, Der Athlet)
Orchestre de l'Opéra National de Paris, Bernard Kontarsky (direction)
Willy Decker (mise en scène)


L'Opéra c'est aussi l'art de gérer les catastrophes : Laura Aikin s'est cassée le pied pendant les répétitions, elle est remplacée pour toute la série par Marisol Montalvo, sauf précisément ce soir pour la première parce que celle-ci est aphone ! Laura Aikin chante donc le pied dans le plâtre sur le côté de la scène pendant que sa remplaçante "marque les pas" sur la scène. Souhaitons que les péripéties s’arrêtent là ! On ne sait pas ce que l'on gagnera avec l'américaine Montalvo (récente Lulu à Toulouse) mais on sait ce que l'on perd avec Laura Aikin, tout simplement l'une des meilleures Lulu actuelles avec sa voix puissante mais qui sait se faire subtile, au timbre chaleureux, à l'aise sur tout le registre et se jouant des difficultés techniques. Tout juste pourrait-on souhaiter une prononciation plus rigoureuse. Le reste de la distribution n'appelle également que des éloges, avec Wolfgang Schöne (bouleversant Dr Schön), David Kuebler (touchant Alwa), Franz Mazura (impressionnant Schigolch) que l'on a déjà pu admirer dans cette production lors de la reprise de 1999, et des seconds rôles parfaits. Anja Silja apporte en Comtesse Geschwitz une inimitable touche d'émotion. L'orchestre semble plus en "pilotage automatique", un peu trop épais et pas assez incisif, mais tout de même à la hauteur. On retrouve évidemment avec plaisir la mise en scène de Willy Decker, créée en 1998 (lire ici), l'une des plus fantastiques de l'ère Gall. Mais l'on se dit aussi que toutes ces échelles à gravir c'est un peu dangereux... Prenons soin de Lulu !







Philippe Herlin

 

 

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