About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Wunder(kind)

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/16/2003 -  
Hector Berlioz : Les Troyens: Chasse royale et orage
Serge Prokofiev : Concerto pour piano n° 3, opus 26
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 4, opus 36

Ingolf Wunder (piano)
Orchestre national de France, Emmanuel Krivine (direction)


Triptyque traditionnel – (quasi-)ouverture/concerto/symphonie – pour une soirée à dominante russe, pimentée par la découverte d’un jeune pianiste autrichien et par le retour d’Emmanuel Krivine: en effet, un mois seulement après son passage avec l’Orchestre français des jeunes (voir ici), le chef français était à nouveau à Paris, cette fois-ci à la tête de l’Orchestre national de France.


Alors que la première française de la version complète des Troyens de Berlioz vient d’avoir lieu au Châtelet (voir ici), Krivine en extrait Chasse royale et orage, une scène du quatrième acte qui fait depuis longtemps les beaux jours des concerts symphoniques. Sans langueur, avec une ferme netteté de trait et soutenu par un excellent pupitre de cors, il n’hésite pas à laisser s’exprimer toute la puissance de la musique.


Le Troisième concerto pour piano de Prokofiev connaît la faveur de l’affiche dans la capitale: en effet, après les visions très différentes livrées par Angelich/Foster en février (voir ici) puis par Béroff/Weise en mai (voir ici), Ingolf Wunder présentait à son tour ce concerto. Difficile de ne pas songer qu’il porte un nom tout à fait prédestiné, dans le monde germanophone, pour un violoniste venu au piano à l’âge de quatorze ans – c’est à dire il y a quatre ans – et déjà capable de s’attaquer à une œuvre aussi redoutable. Dès lors, la question était de savoir si, au-delà de la performance technique et physique, il allait également convaincre par sa musicalité.


La réponse est essentiellement positive: autant l’orchestre aura été le parent pauvre des deux précédentes lectures données à Paris, autant Wunder et Krivine auront eu ici le souci de faire de la musique ensemble. Car même s’il est plus objectif qu’expressif, le jeune Autrichien, plutôt que de cogner, n’en préfère pas moins la couleur. Quant à l’accompagnement, tout sauf négligé ou paresseux, il met en valeur l’extraordinaire raffinement de l’orchestration, sans en gommer les aspérités ou la robuste carrure.


Décidément, Krivine semble attirer les bis: au cours de sa précédente visite au National, il avait dirigé Kissin, qui fut d’ailleurs, lui aussi, en son temps, un Wunderkind et qui, après avoir interprété le Second concerto de Brahms (voir ici), avait alors offert quatre morceaux. Wunder s’en tiendra à trois, mais il achève de soulever l’enthousiasme du public tant par son engagement et sa dextérité (Etude opus 12 n° 8 de Scriabine, Sixième rhapsodie hongroise de Liszt) que par son sens du toucher (troisième pièce des Consolations de Liszt).


Plus rigoureux que dans la Cinquième il y a près d’un an avec le même orchestre (voir ici), Krivine, dans la Quatrième symphonie de Tchaïkovski, s’il a opté pour un effectif comprenant des bois doublés, allège pourtant le discours, qui va toujours de l’avant. Il est vrai que ses tempi sont souvent allants (Andantino in modo di canzona, d’une grande simplicité, et Allegro con fuoco final, incisif, pétaradant, étouffant à force de refuser presque toute respiration), mais le Pizzicato ostinato se fait souple, sur le ton d’une plaisanterie légère, plus gracieux que mordant, plus subtil qu’ironique. Très solidement tenue, sa conception est menée de part en part avec autorité et conviction, en particulier dans le long premier mouvement, tour à tour péremptoire et errant, hargneux et rêveur. Bien qu’il soit souvent poussé dans ses derniers retranchements par les exigences du chef, l’orchestre, dans un grand soir, suit avec une remarquable fidélité.



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com