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Récital intimiste mais triomphal!

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/06/2003 -  
Airs et mélodies de Falconieri, Puccini, Verdi, Poulenc…
Ruggero Raimondi (basse) et Ann Beckman (piano)

Après une absence de plusieurs années, la basse Ruggero Raimondi revient à Paris le temps d’un récital intimiste mais triomphal! Le répertoire choisi est éloigné des rôles qui ont fait sa gloire et qui ont imposé le chanteur italien au rang des meilleurs: il se consacre ici à ses compositeurs favoris, certes, mais qui ont su aussi s’illustrer dans la mélodie italienne.



La première partie du concert commence par deux mélodies de Falconieri auxquelles Ruggero Raimondi tente de donner un sens mais il est vrai que les oeuvres proposées ne brillent guère par leur intérêt musical. En revanche, la mélodie suivante de Piccini “O nuit, déesse du mystère”, permet enfin à cet immense musicien de déployer tout son talent: peu à peu il fait monter la pression et dans la reprise, il détache particulièrement les notes. A partir de ce moment, le concert démarre et on retrouve le chanteur intact, fidèle à l’image qu’il a réussi à imposer sur toutes les scènes internationales depuis tant d’années. Sa voix n’a pas pris une ride et elle séduit par le côté charmeur notamment dans la mélodie de Respighi, “Contrasto”. Le timbre est toujours le même, toujours aussi subtil comme dans “Bella porta di rubini” du même Respighi: il allonge particulièrement les “a” de cette mélodie et termine les phrases musicales avec une voix blanche et sur un pianissimo.
Après quelques mélodies assez austères, en forme de transition, il chante “mi lagnero tacendo” de Rossini, sorte de plaisanterie musicale dans laquelle le compositeur propose sous six angles différents, mais avec le même texte, d’illustrer les plaintes désespérées d’un amoureux. Le chanteur peut alors présenter toutes les facettes de son art et il se joue des difficultés que ce soit au niveau du souffle (le premier couplet demande de chanter en une seule inspiration la première phrase), de la souplesse dans les vocalises (sixième couplet) et de l’émotion puisque la troisième partie est donnée sur un ton plaintif voire pleurnichard. Du grand art et une grande maîtrise dramatique de la part de l’interprète!
Après avoir paru un peu à l’étroit dans les premiers cycles, la voix du chanteur trouve enfin sa vraie dimension dans les arias de Verdi et surtout de Puccini qui conviennent davantage à la puissance de sa voix. Il chante alors en pleine voix et derrière l’air de Puccini “Terra e Mare” on semble entendre déjà Scarpia…
En conclusion à ce panorama italien, Ruggero Raimondi chante le monologue de Thomas Becket, extrait de l’Assassinio nella cattedral de Pizzetti. Ce passage est peut-être le plus impressionnant de tout le concert car il se donne au maximum et l’acteur se distingue derrière le chanteur. Il est un familier de ce rôle puisqu’après l’avoir interprété en 2000, il le reprendra en décembre prochain à Rome: cette pratique scénique lui permet de pallier à l’accompagnement réduit qu’il trouve dans le piano.

La seconde partie du concert est consacrée à la mélodie française et plus particulièrement à Poulenc puisque Ruggero Raimondi enchaîne les Chansons Gaillardes et Le Bestiaire. Dans un français presque parfait, il aborde ce répertoire avec une grande justesse et sa connaissance approfondie de la langue et de la civilisation française lui permet de déterminer une limite et de se couler dans une tradition. Du premier cycle, il convient de retenir “Sérénade” qu’il interprète avec beaucoup de subtilité et de nuance en laissant mourir les “a” de “larmes”. Dans Le Bestiaire il différencie particulièrement les animaux et il tente de “jouer” les différentes bêtes: le dauphin, la chèvre, …
Mais c’est dans Kurt Weil qu’il donne le meilleur de lui-même et principalement dans “Le Grand Lustucru” où il se montre effrayant notamment à travers ses “a” très ouverts et qu’il rend langoureux.
L’accompagnement d’Ann Beckman est honnête mais assez neutre. Elle le suit fidèlement et avec attention sans toutefois apporter beaucoup de musicalité à l’ensemble.

Devant un public enthousiaste et déchaîné, Ruggero Raimondi offre deux bis particulièrement bien choisis: la calomnie du Barbier de Séville et le fameux air de Don Profondo du Voyage à Reims. Dans le premier air, il distille tous les mots, tel un préparateur de poison et fait un sort à chaque son, à chaque syllabe. A la demande des spectateurs il reprend également “Io Don Profondo” et mime vocalement et physiquement les différentes nationalités des personnages caricaturés avec beaucoup d’humour et d’intelligence.



Avec ce concert, espérons que le retour de Ruggero Raimondi avenue Montaigne est le début d’une nouvelle série de concerts qui nous permettra de réentendre à Paris et en France cet excellent chanteur et ce musicien si raffiné…

A noter:
- 23 novembre: concert exceptionnel à Monte-Carlo dans lequel Ruggero Raimondi interprétera le rôle de Don Pasquale.
- en janvier prochain, il reprendra aussi Scarpia au Teatro Real de Madrid.


Manon Ardouin

 

 

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