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Haendel et Vivaldi à Ambronay

Ambronay
Théâtre de Bourg-en-Bresse
09/26/2003 -  
Vendredi 26 septembre
Georg Friedrich Haendel : Athalia
Blandine Staskiewicz (Athalia), Diana Higbee (Josabeth), David Clegg (Joad), Sébastien Obrecht (Mathan), Krzysztof Szumanski (Abner), Vincent Riberi (Joas)
François Rancillac (mise en scène)
Choeur et Orchestre de la dixième Académie Baroque Européenne d’Ambronay
Paul Mc Creesh (direction)

Abbatiale d’Ambronay

Samedi 27 septembre
Les maîtres des Ospedali
Antonio Vivaldi : Credo RV 591 ; Concerto RV 535 ; In exitu Israël RV 604; Introduction Jubilate, O amoeni chori RV 639; Gloria RV 588
Francesco Gasparini : Lauda Jerusalem
Lorna Anderson (soprano), Hilary Summers (alto)
The King’s Consort (choeur et orchestre)
Robert King (direction)


On avait déjà pu entendre en France Paul Mc Creesh dans ses reconstitutions de cérémonies italiennes, mais également dans des partitions de Haendel, notamment à Beaune. Cette fois-ci, il dirige cet oratorio (créé le 10 juillet 1733 au Sheldonian Theatre d’Oxford) pour les dix ans de l’Académie Baroque d’Ambronay, qui rassemble de jeunes musiciens de plusieurs pays européens. Chaque année, une création et une tournée tentent d’apporter une sorte de complément de formation pour les élèves des conservatoires. Depuis sa création, l’Académie totalise 600 stagiaires et une centaine de concerts. On a pu entendre notamment des musiques de Rameau, Charpentier, Purcell, Cavalli, Lully, Monteverdi sous la direction de Jordi Savall, Christophe Coin, William Christie, Ton Koopman, Gabriel Garrido, Christophe Rousset, Rinaldo Alessandrini.
C’est toujours un grand plaisir d’entendre les chefs d’oeuvre de Haendel, et l’orchestre mené par Mc Creesh rend parfaitement justice à la partition qui habille magnifiquement un livret de Samuel Humphreys, tiré de Jean Racine, qui oppose, d’après l’histoire vétérotestamentaire, les païens aux juifs-chrétiens, l’autorité d’Athalie à la légitimité de l’enfant roi Joas, Baal à Jéhovah, la tyrannie au peuple élu. Le choeur est également convaincant, et ainsi, les deux piliers de l’oratorio haendelien (choeur et orchestre) sont assurés et donnent une belle allure à ce genre, où la musique devient elle-même un propre spectacle, en l’absence d’une scène théâtrale. Toutefois, l’Académie Baroque a pris le parti de mettre en scène l’oratorio. Pourquoi pas, si celle-ci parvient à ajouter quelque chose … ce qui n’est manifestement pas le cas ici, où elle parasite plus qu’elle n’aide l’écoute de cette alliance de musique chorale et de tragédie classique. On reconnaîtra toutefois, cette « Académie » ayant aussi un but pédagogique, l’intérêt certain pour les participants d’expérimenter le rôle difficile de chanteur-acteur. De ce côté-là, l’excellente Diana Higbee domine la distribution (merveilleux « Through the land »), même si Blandine Staskiewicz compose une Athalie tout à fait crédible avec une stature et un sens dramatique certains. Le timbre riche et l’aisance évidente d’Higbee remportent immédiatement l’adhésion. Le reste du plateau remplit son rôle, mais on ne peut guère apprécier la voix courte du contre-ténor David Clegg, sans timbre, qui peine dans les vocalises et donne à la scène I de l’acte III une « prophétie » bien peu inspirée (« What sacred horrors shake my breast »).
Cette production, à ne pas manquer pour la musique, sera en tournée à l’opéra de Vichy (30 septembre), à l’opéra de Toulon (le 2 octobre), au grand auditorium de Lisbonne (le 4 octobre), à Utrecht Vredenburg (8 octobre), à la Comédie de Valence (10 octobre), au Grand Théâtre de Reims (12 octobre), au Capitole de Toulouse (13 octobre), au théâtre de Villefranche (15 octobre), à l’opéra-théâtre d’Avignon (17 octobre), à la Comédie de Saint-Etienne (19 et 20 octobre), à l’opéra de Rennes (22 et 24 octobre), à l’opéra-théâtre de Besançon (26 octobre).

Comparé à l’engagement de cette production d’Athalie, le King’s Consort apparaît évidemment comme un ensemble professionnel, rôdé, mais qui bannit la surprise et la découverte. Si le son est peaufiné, il est très vite ressenti comme uniforme, d’autant que les nuances sont rares et peu marquées. Le velours de l’orchestre n’est plus qu’égalité et répétition. Robert King paraît finalement bien peu « baroque ». Il accentue un Vivaldi bien huilé qui ressemble parfois aux interprétations mécaniques des années 70-80. Côté vocal, Lorna Anderson déploie un vibrato gênant et Hilary Summers favorise une voix très (trop ?) ouverte peu projetée.

Signalons enfin la parution de deux beaux disques compacts produits par le très dynamique festival d’Ambronay. Des Vespri per l’Assunzione di Maria Vergine de Vivaldi reconstituées par Frédéric Delaméa et Rinaldo Allessandrini, dirigées par ce dernier avec son Concerto Italiano (Opus 111, 2 CD, volume 18 de la série Tesori di Piemonte) ; et un volume au titre prometteur d’Amours, Zéphyrs & Sirènes, enregistré par l’ensemble La Turbulente (Susi Möhlmeier, Frédérique Thouvenot, Claire et Mirella Giardelli, Pascal Monteilhet) où l’on peut entendre des œuvres de Bassano, Buonamente, Castaldi, Cima, Falconieri, Frescobaldi, Merula, Selma y Salaverde, Rossi et Uccellini. Fabuleux festin(chez Naïve Astrée).

Pour plus d’informations : www.fest-ambronay.com



Frédéric Gabriel

 

 

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