About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

La nouvelle Europe

Paris
Théâtre Mogador
09/24/2003 -   et 25 septembre 2003

Arvo Pärt : Fratres
Béla Bartok : Musique pour cordes, percussion et célesta, sz. 114
Antonin Dvorak : Symphonie n 8, opus 88


Roland Daugareil (violon)
Orchestre de Paris, Christoph von Dohnanyi (direction)

Public un peu clairsemé, mais visiblement ravi, pour ce programme, certes sans doute un peu court (soixante-quinze minutes), mais construit autour de la musique des plus illustres des compositeurs de trois pays qui s’apprêtent à rejoindre l’Union européenne, même si, bien sûr, leur musique n’aura pas attendu le lancement des procédures d’adhésion pour traduire, au-delà d’une sensibilité nationale clairement identifiable, une appartenance culturelle commune.


Sans compter les adaptations réalisées par d’autres musiciens ou interprètes, Arvo Pärt a donné à ce jour huit versions successives de Fratres (1977), une partition d’une durée de onze minutes originellement écrite pour ensemble de chambre: septième en date, celle de 1992 fait appel à un violon, un double orchestre à cordes et un percussionniste. Comme toujours chez Pärt «seconde manière», son ambition et ses préoccupations d’ordre mystique ne sauraient être réduites aux seules caractéristiques objectives de la partition (stagnation, répétition et dépouillement apparents). Car le déroulement de l’œuvre réserve peu de surprises: les cordes énoncent un choral qui semble ne jamais devoir s’éteindre, marqué ici ou là par la ponctuation régulière de la grosse caisse et des claves, un ordonnancement paisible que le soliste ne vient nullement remettre en cause, si l’on excepte une sorte de cadence initiale, sagement conforme aux canons du genre. L’interprétation fait contraster le violon volontiers expressif de Roland Daugareil avec l’effacement et la neutralité que Dohnanyi obtient de l’orchestre.


Compte tenu de la spatialisation particulière de son effectif instrumental, cette pièce s’enchaîne fort commodément avec la Musique pour cordes, percussion et célesta de Bartok, qui impose d’ordinaire un fort long changement de plateau. Le rapprochement ne va cependant pas au-delà, tant les esthétiques diffèrent. A la tête d’un imposant ensemble de soixante-quatre cordes, Dohnanyi privilégie l’engagement, le drame et la dimension folklorique (illustration de son ascendance magyare?), mais sa conception romantique – à cent lieues de ce que faisait Boulez avec la Philharmonie de Vienne en juin dernier (voir ici) – tour à tour anguleuse et charnue, pleine d’énergie sans être purement décorative, a le mérite de la cohérence.


Sa vision de la Huitième symphonie de Dvorak n’est pas moins cohérente. Requérant soixante cordes et des bois doublés, le chef allemand joue sur la puissance et l’opulence, sans être excessivement pâteux ou pesant, et, dans une mise en place aussi implacable qu’impeccable, réalise de somptueux moments de plénitude sonore. Soulignant cependant parfois le trait d’une manière théâtrale, il a tendance à ralentir avant chaque sommet d’intensité, comme pour en signaler l’importance. Devenue épique, gigantesque, cette radieuse symphonie que l’on associe généralement à la grâce mozartienne ou même au style «en plein air» de Janacek s’apparente dès lors davantage à Wagner ou à Tchaïkovski. Ainsi mis en valeur, l’orchestre est à la fête et prend un plaisir manifeste à travailler celui qui fut, durant deux ans (1998-2000), son conseiller artistique.


Ce concert sera diffusé sur Radio Classique le mardi 28 octobre à 20 heures 40.



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com