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Festin vocal, frugalité scénique

Lausanne
Opéra de Lausanne
09/19/2003 -  et 21, 24, 26 et 28 septembre 2003
Francesco Cilea: Adriana Lecouvreur
Nicola Rossi Giordano (Maurizio), Jérôme Varnier (il principe di Bouillon), Ivan Mathiak (l'abate di Chazeuil), Victor Torres (Michonnet), Vincent Pavesi (Quinault), Alexandre Kravets (Poisson), Manon Feubel (Adriana Lecouvreur), Federica Proietti (la principessa di Bouillon), Monique Zanetti (la Jouvenot), Elodie Méchain (la Dangeville)
Choeur de l'Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (chef de choeur)
Orchestre de Chambre de Lausanne, Claude Schnitzler (direction)
Alain Garichot (mise en scène)


Si, traditionnellement, les cinq titres à l'affiche chaque année de l'Opéra de Lausanne font le plein ou presque, les fauteuils vides étaient nombreux pour la première d'Adriana Lecouvreur, qui a ouvert la saison 2003-2004. Signe que l'ouvrage est peu connu du grand public, pour le moins en dehors d 'Italie. Il y a trois ans, le trio Garichot-Schnitzler-Feubel avait offert aux spectateurs lausannois une Pénélope restée dans toutes les mémoires. Adriana Lecouvreur ne se hisse malheureusement pas au même niveau, en raison des faiblesses de la mise en scène. La faute en incombe principalement au dispositif scénique imaginé par Lili Kendaka: une passerelle, accessible par un escalier, traverse le plateau. Alain Garichot avait déclaré vouloir situer l'action sur deux plans distincts, le premier étage représentant le théâtre, alors qu'au-dessous se déroule la vie. Intentions louables, mais malheureusement, la passerelle et l'escalier limitent considérablement les mouvements des chanteurs, qui n'ont souvent pas d'autre choix que de rester figés, bras en l'air, pour chanter leurs airs. Le metteur en scène voulait aussi rendre l'ouvrage plus lisible. Or il n'est pas sûr que le choix d'une transposition dans les années 30, avec pourtant de magnifiques costumes réalisés par Claude Masson, ait servi au mieux son propos. Cependant, c'est le traitement réservé au rôle-titre qui laisse le plus songeur. Pour Pénélope, Alain Garichot avait demandé à Marion Feubel des déplacements très lents, une posture parfaitement droite ne laissant trahir aucun mouvement du corps, afin de symboliser la dignité d'une femme attendant depuis si longtemps le retour de son époux. Visiblement, il apparaît que les consignes ont été les mêmes pour Adriana. Ce qui semblait tout à fait logique pour la femme d'Ulysse apparaît incompréhensible ici: l'héroïne est certes une tragédienne digne et altière, mais son côté femme amoureuse, prête à tout pour l'homme qu'elle aime, se retrouve totalement occulté.


Fort heureusement, la musique a fait oublier les carences scéniques. Dans un répertoire qui ne lui est pas familier, l'Orchestre de Chambre de Lausanne a parfaitement rendu, sous la baguette de Claude Schnitzler, les contrastes et les coups de théâtre qui jalonnent la partition. Un seul regret tout de même: dans le petit théâtre lausannois, les musiciens ont joué particulièrement fort, entraînant souvent les chanteurs dans un concours de décibels, au détriment des nuances. Le spectacle a été monté autour de Marion Feubel, qui a tenu ses promesses, avec une voix ample et parfaitement maîtrisée sur toute la tessiture. On l' aurait aimée encore plus passionnée, plus aimante, mais il faudra attendre qu'elle reprenne le rôle avec un autre metteur en scène. Nicola Rossi Giordano a campé un Maurizio particulièrement convaincant. Espoir des scènes lyriques, ce ténor italien a des moyens incontestables: un timbre franc, une émission égale et des aigus vaillants, même si la voix, en soi, n'est pas des plus belles, manquant de luminosité. Il est indéniable qu'il fera parler de lui. Federica Proietti a incarné une princesse de Bouillon tempétueuse et autoritaire à souhait. Enfin, une mention particulière pour le Michonnet terriblement émouvant de Victor Torres. Fait assez rare, qui mérite d'être souligné: la diction de l'ensemble des solistes était excellente, rendant superflue la lecture des surtitres. Au rideau final, applaudissements nourris pour le chef et les chanteurs, quelques huées pour le metteur en scène.




Claudio Poloni

 

 

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