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Hasse redécouvert

Bruxelles
La Monnaie
09/10/2003 -  et les 13* Septembre 2003
Johann Adolf Hasse : Marc’Antonio e Cleopatra
(version de concert)

Vivica Genaux (Marc’Antonio), Laura Aikin (Cleopatra),
Basso continuo : Shizuko Noiri (archiluth), René Jacobs, Giorgio Paronuzzi (clavecins)
Concerto Köln, René Jacobs (direction musicale)

Entre deux représentations de l’exceptionnelle Agrippina de Haendel, la Monnaie et l’infatigable René Jacobs proposent une rareté dont l’intérêt musicologique est indéniable. Johann Adolf Hasse (1699-1783), compositeur qui jouissait d’une notoriété immense de son vivant (mais dont l’étoile pâlit à la fin de sa vie à l’arrivée de Mozart) est maintenant négligé au profit de ses contemporains Bach et Haendel. Jacobs a eu raison d’exhumer cette œuvre de jeunesse, Marc’Antonio e Cleopatra qui forgea la réputation du compositeur allemand dans le monde musical napolitain. Ouvrage de commande, serenata et non opéra, sans véritable mise en scène, ne nécessitant qu’un effectif vocal réduit (deux voix), non destinée au grand public mais à une assemblée de privilégiés, probablement la cour de Naples, gouverné par l’empereur Charles VI, comme le laisse penser la fin de l’œuvre, un duo festif n’ayant plus guère à voir avec les destinées de Marc-Antoine et Cléopâtre mais glorifiant clairement le souverain et son épouse.
Cette sérénade permet de dresser en dix morceaux (quatre airs par solistes et deux duos, en sus des récitatifs) l’essentiel des catégories de «types d’airs» possibles du bel canto baroque, offrant une diversité musicale et un intérêt constant du début à la fin, à condition que les interprètes soient à la hauteur des exigences très élevées réclamées par le genre (les créateurs n’étant autre que Farinelli, pour Cléopâtre et la Tessi, pour Marc-Antoine, un castrat homme pour un rôle féminin, une femme contralto pour un rôle masculin !).
Ce qui était le cas à la Monnaie avec deux chanteuses capables de maîtriser les difficultés techniques et interprétatives de la partition et habituées à travailler avec un chef dont la passion pour l’œuvre est une évidence : le Concerto Köln dans une forme superlative, les cordes aussi bien que les vents, dans une communion totale avec les chanteuses, formait une fois de plus, dans ses mains expertes et précises, un accompagnement idéal de sûreté et de vivacité interprétative.
Vivica Genaux confirme haut la main son aisance technique, capable de répondre à toutes les difficultés d’ornementation, possédant un trille comme nulle autre, sachant idéalement faire vivre les récitatifs et offrant un portrait très sensible du défait Marc-Antoine qui atteint son apogée dans son dernier air (« là tra mirti degl’Elisi ») où la splendide musicienne fait retenir son souffle à un public sous le charme. Laura Aikin, qui sera Lulu prochainement à la Bastille, met plus de temps à s’imposer et ne possède pas la palette de coloration vocale de sa collègue mais finit par s’imposer, tant du point de vue technique qu’émotionnel (dans son très bel air final, évoquant irrésistiblement Pergolese, « Quel candido armellino ») pour laisser le souvenir d’une artiste très attachante.
Ce concert laisse espérer un enregistrement discographique qui s’impose et surtout donne envie de découvrir d’autres œuvres de Hasse.



Christophe Vetter

 

 

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