About us / Contact

The Classical Music Network

Orange

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

L'Art, contre vents et marées

Orange
Théâtre antique
07/12/2003 -  et 15 juillet 2003
Giuseppe Verdi : Otello
Vladimir Galouzine (Otello), Tamar Iveri (Desdemona), Jean-Philippe Lafont (Iago), Yann Beuron (Cassio), Nona Javakhidze (Emilia), Luigi Roni (Ludovico), Martial Defontaine (Roderigo), Nicolas Testé (Montaldo)
Orchestre National de France, Evelino Pido (direction)
Nicolas Joël (mise en scène)


Dans cet été d'autodestruction culturelle provoqué par la CGT-spectacle et des groupuscules d'anarchistes professionnels (cf édito), on n'avait pas encore pu entendre la voix du public. C'est fait. Et très clairement. Intervenant au début du spectacle, par la voix du haut parleur, avec des choristes et des techniciens sur la scène, un porte-parole invisible commence par dire que "nous avons décidé que les Chorégies devaient avoir lieu", ce qui suscite immédiatement de larges applaudissements. L'atmosphère change rapidement lorsque la voix annonce que les intermittents sont "prêt défendre par tous les moyens leur statut", les sifflets remplissent les gradins, puis la provocation - à l'égard du public - arrive avec l'affirmation que "nous soutenons les actions entreprises par les intermittents qui, la mort dans l'âme (de qui se fiche t-on ? NDLR), en sont arrivés à l'annulation de spectacles et de festivals". Les huées de la totalité des 8.000 spectateurs couvrent désormais cette voix sans visage (lâcheté ?) jusqu'à la fin d'un discours au ton séditieux : "ce n'est peut être pas la rue qui gouverne, mais elle a le droit de choisir son destin" (faux, elle doit se soumettre à l'expression démocratique de la majorité et respecter les lois). Pendant le chahut, quelques techniciens quittent la scène le poing levé, démasquant ainsi leur idéologie haineuse et destructrice. Décidément une soirée très instructive, et qui confirme la situation que connaissent les festivals cet été : une minorité d'activistes sans foi ni loi, une majorité d'intermittents qui veulent travailler et un public bafoué et méprisé. Pour l'instant les premiers mènent la danse malheureusement... Sauf à Orange, bravo !


Ensuite l'art reprend ses droits, qu'il n'aurait jamais du perdre, avec Otello de Verdi. Trois immenses grues s'élèvent presque jusqu'en haut du mur de scène, va-t-on assister à une transposition osée (Iago, un agent du Medef, fomente une campagne de dénigrement contre le leader des dockers CGT, Otello ; le mouchoir est remplacé par un tract syndical) ? Mais les costumes d'époque nous ramènent au livret et à une approche classique. Remarquons à cette occasion que l'absence de surtitres, désormais quasi-généralisés dans les théâtres lyriques, si elle empêche les Chorégies de programmer des œuvres moins connues du grand public, offre l'avantage d'obliger les metteurs en scène à faire un travail lisible ! Effectivement, les mouvements de foule et les déplacements des protagonistes réglés par Nicolas Joël se révèlent limpides et efficaces dramatiquement, même si, au final, on ne comprend pas l'utilité de ces grues, bref. Raymond Duffaut a réuni une distribution remarquable avec Vladimir Galouzine en Otello et Jean-Philippe Lafont en Iago, des chanteurs alliant splendeur vocale, intelligence du chant et sens du théâtre. Leurs confrontations offraient des moments d'exception, on sentait le public faire silence. Remplaçant Alexia Cousin initialement prévue, la Géorgienne Tamar Iveri, qui commence une brillante carrière à travers l'Europe, incarne une belle Desdémone mais dont la voix pourrait gagner en ampleur. Yann Beuron est une vraie révélation en Cassio avec une voix bien projetée et une grande pureté de chant. La distribution très homogène et les chœurs font de cette soirée une fête vocale. La direction d'Evelino Pido est nerveuse, parfois trop, et sonne sèchement, sans mettre en valeur les timbres de l'Orchestre National de France, mais au moins y avait-il la fougue. Une grande soirée, magique et unique, comme savent en créer les Chorégies d'Orange, contre vents et marées.


Le site des Chorégies




Philippe Herlin

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com