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La vraie fête de la musique

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/22/2003 -  
Richard Wagner : Parsifal, prélude de l’acte I
Arnold Schoenberg : Symphonie de chambre n° 2
Gustav Mahler : Lieder eines fahrenden Gesellen
Bela Bartok : Musique pour cordes, percussions et célesta

Thomas Quasthoff (baryton-basse)
Orchestre Philharmonique de Vienne, Pierre Boulez (direction)


Pierre Boulez est quelqu’un de têtu : lors de la « Semaine Mozart » de Salzbourg en janvier dernier, il tient, outre deux pages du divin compositeur, à jouer deux œuvres de Schoenberg, à tel point que le journal du Philharmonique de Vienne inclus dans le programme du concert de ce soir indique : « Pierre Boulez, pour ses débuts dans cette manifestation traditionnelle, a proposé au public ce programme inhabituel ». Le plus grand « compositeur-chef d’orchestre » français a du faire « tourner en bourrique » quelques directeurs artistiques, mais ne faut-il pas de ces caractères bien trempés pour faire évoluer la vie musicale ? Il n’y a guère que lui pour proposer un programme tel que celui de ce soir pour un Orchestre Philharmonique de Vienne en tournée ! Et ce fut, bien sûr, un régal, une fête pour l’esprit comme pour l’oreille. Le sentiment de facilité déconcertante avec lequel il dirige la Symphonie de chambre n° 2 de Schoenberg, insufflant une énergie constante et mettant en lumière l’enchevêtrement des lignes musicales, nous persuade que du Schoenberg bien joué est aussi limpide que du Mozart, C.Q.F.D. ! Plus loin, la virtuosité et l’assurance dont l’orchestre et lui font preuve dans les deuxième et dernier mouvements de la Musique pour cordes, percussions et célesta impressionnent toute la salle et déclenchent des applaudissements largement méritées. Mais n’y a-t-il pas chez Pierre Boulez, c’est un reproche à l’aune de son talent, un certain entêtement (revers de la médaille !) à vouloir, comme il le fait, dépouiller de tout mystère et de toute logique organique le prélude du premier acte de Parsifal, à en faire une succession de séquences, à en interdire toute magie ? Idem dans le mouvement introductif de l’œuvre de Bartok, véritablement expurgé de toute passion, de toute tension, ramené à un simple jeu de formes dévitalisé (le lent et inéluctable crescendo est à peine perceptible !). On sent moins ici un approfondissement de la pensée qu’une volonté farouche de « déconstruction »...


Il y avait aussi Mahler. Avec Thomas Quasthoff. La suavité de sa voix, son égale perfection dans tout le registre, l’ampleur et la précision de son souffle, l’expressivité de son chant mettent tout le monde d’accord, Gustav Mahler a rarement été aussi bien chanté, nous a rarement parlé de façon aussi directe, aussi naturelle. Nous avions tous la gorge nouée, et après quelques secondes une formidable ovation s’élève dans le théâtre. Un ange est passé.






Philippe Herlin

 

 

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