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Fin de saison à l’Orchestre de Paris Paris Théâtre Mogador 06/12/2003 -
Johann Sebastian Bach/Anton Webern : Ricercare
Johannes Brahms : Concerto pour violon, opus 77
Nikolaï Rimski-Korsakov : Shéhérazade, opus 35
Thomas Zehetmair (violon)
Orchestre de Paris, Jean-Claude Casadesus (direction)
Pour le dernier concert de sa saison, l’Orchestre de Paris avait invité Jean-Claude Casadesus – qui était déjà venu à Paris à deux reprises en début d’année avec son Orchestre national de Lille (voir par exemple ici) – dans un répertoire où – tant il est difficile de se départir de certains clichés – on ne l’attendait pas forcément.
En effet, il commence par une relative rareté, l’extraordinaire orchestration par Webern du Ricercare à six voix extrait de «L’Offrande musicale». Cependant, le choix d’un tempo assez vif nuit parfois à la clarté de la polyphonie, dans une approche plus expressive, voire romantique, que didactique ou baroque.
Quoique plus routinière (Shéhérazade, par exemple, a déjà été jouée par l’Orchestre philharmonique de Radio France fin janvier), la suite du programme ne fut nullement abordée dans cet esprit, qu’il s’agisse du soliste ou du chef. Ainsi Thomas Zehetmair a-t-il donné du Concerto pour violon de Brahms – loin du climat contemplatif et apaisé qu’on lui réserve généralement – une lecture tout sauf traditionnelle ou univoque. Articulée par de forts contrastes entre tension – particulièrement âpre, voire violente – et détente – avec des phrasés très travaillés – cette vision s’accorde non seulement avec la sonorité plus puissante et tranchante que lisse ou chaleureuse du violoniste autrichien, mais aussi avec un orchestre qui ne reste pas confiné au second plan. Après un Allegro non troppo plus véhément qu’opulent, l’Adagio, en demi-teintes, plus réfléchi que spontané, ne souffre ni de lenteur, ni de pathos excessif et laisse la place à un truculent et vigoureux Allegro giocoso, ma non troppo vivace final. En guise de bis, Zehetmair offre, comme il y a trois ans à Pleyel (voir ici), un extrait (Prélude) de la terrifiante Deuxième sonate pour violon de Karl Amadeus Hartmann.
En seconde partie, Casadesus aborde Shéhérazade de Rimski-Korsakov sans verser en permanence dans l’excès de puissance ou de langueur. Sans forcer, dans une progression très contrôlée et dans un tempo plutôt lent, La mer et le bateau de Sinbad ne perd pas pour autant en intensité et en majesté. Immédiatement enchaîné, Le récit du prince Kalender, toujours très tenu, ne fera pas plus de concessions au décoratif. La finesse des textures est parfaitement restituée dans Le jeune prince et la princesse, allant – mais le tempo est noté andantino quasi allegretto – et sans mièvrerie. Sans véritablement lâcher les rênes, Casadesus livre toutefois un final féroce et coloré, aux attaques d’une belle franchise.
Simon Corley
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