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La musique malgré tout

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/10/2003 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour violon, Symphonie n° 3
Christian Tetzlaff (violon)
Malher Chamber Orchestra, Marc Minkowski (direction)


Dans un Paris encombré de monceaux de poubelles et bloqué par les embouteillages, les grèves et autres manifestations (et même des casseurs dans le hall du Palais Garnier), qui semble lentement glisser vers les mégalopoles du Tiers-monde, on se fraye un chemin vers le Théâtre des Champs-Elysées où, heureusement, le sérieux et l’exigence du travail bien fait existent encore.


On connaît la qualité du Mahler Chamber Orchestra et l’on attendait Marc Minkowski dans l’«Eroica », véritable examen de passage pour tout chef aspirant à entrer dans la «cour des grands», et on a pas été déçu !


Dans le Concerto pour violon de Beethoven, le jeu «baroquisant» (articulation prononcée, archet court, écarts marqués de dynamiques) de Christian Tetzlaff surprend, ne convainc pas forcément toujours, notamment dans le larghetto qui manque d’abandon et d’ampleur, mais tient en éveil, suscite la curiosité, interroge une œuvre que l’on connaît trop et pose de bonnes questions (n’a ton pas, au cours du temps, dérivé vers un violon trop «symphonique», trop «brahmsien» dans ce concerto ?). Une cadence tout à fait personnelle, faisant intervenir la grosse caisse (qui reprend le thème des premières mesures) et évoquant des danses paysannes montre, en tout cas, que le violoniste allemand s’accapare cette œuvre comme rarement, avec brio et maîtrise.


Dans la Troisième symphonie de Beethoven, Marc Minkowski fait preuve d’un engagement total, la lecture est tranchante, très dynamique (premier mouvement !) mais jamais précipitée, elle sait respirer (Marcia funebre) et mettre en évidence les points d’appui du discours. On pense ici aux interprétations explosives de Fritz Reiner avec l’Orchestre de Chicago, mais qui étaient plus denses encore car le chef hongrois dirigeait un orchestre «complet» et non cinquante musiciens comme ce soir. On peut affirmer qu’avec ce concert particulièrement réussi, le chef français a démontré toute l’étendue de son talent dans le répertoire classique et romantique et que l’on aurait bien tort de le cantonner au baroque et à Offenbach.


En guise de bis, Marc Minkowski présente, au nom de tous, ses remerciements à l’orchestre qui se trouvait la veille à Baden-Baden pour L’Enlèvement au sérail et qui a passé la journée à voyager dans un car à cause des grèves et a su faire preuve ce soir d’une formidable énergie. Bravo à eux effectivement !



Retransmission sur France Musiques le 30 juin à 20h





Philippe Herlin

 

 

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