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Le sacre avignonnais d’Aldo Ciccolini

Avignon
Opéra-Théâtre
05/27/2003 -  
Robert Schumann : Scènes de la forêt, Carnaval de Vienne et Sonate en fa mineur
Aldo Ciccolini (piano)


« Le poète parle », titre de la dernière des Scènes d’enfants de Schumann, pourrait illustrer le récital donné par Aldo Ciccolini à Avignon au profit de l’œuvre de sœur Emmanuelle et de sœur Sarah dans le cadre des activités humanitaires du Rotary-Club. Le programme était connu : Scènes de la forêt, Carnaval de Vienne et Sonate en fa mineur de Schumann, déjà données au Théâtre des Champs-Elysées et enregistrées pour Cascavelle. A près de quatre-vingts ans maintenant, Aldo Ciccolini surprend encore par la fabuleuse maîtrise de ses moyens, fruit d’un patient travail portant autant sur la sonorité que sur la vélocité. Il sort vainqueur des redoutables épreuves qu’impose à l’interprète la redoutable Sonate en fa mineur, souvent transformée en une pure démonstration virtuose parce que Schumann y est sans cesse en quête d’une forme qui a tendance à se dérober. Ciccolini la reconstruit, la réinvente, en particulier le problématique Prestissimo possibile final. Mais l’architecte se double d’un poète, dont la voix chante et raconte. Les passages lyriques sont du pur bel canto pianistique, héritage de ses racines napolitaines : le célèbre « Oiseau prophète » des Scènes de la forêt, la « Romance » du Carnaval de Vienne sont jouées comme une aria de Bellini. Les Scènes de la forêt sont autant de récits ou d’évocations nous plongeant, en l’espace de quelques mesures, au plus profond du romantisme allemand, loin de tout pittoresque de carte postale. Si cette voix est belcantiste, c’est qu’elle n’a pas seulement une puissance, si concentrée qu’elle ne frise jamais le cri – pas la moindre dureté dans les emportements fiévreux de l’Intermezzo ou du finale du Carnaval -, elle a aussi un timbre, des couleurs, sculptés dans une sonorité dont la rondeur et la profondeur ne sont jamais altérées par la passion ou la vitesse – la Sonate a rarement autant mérité d’être appelée « Concert sans orchestre ». En bis, un Nocturne en mi bémol de Chopin plus bellinien que jamais, une éblouissante et racée espagnolade de Moszkowski, avec des notes répétées à faire pâlir d’effroi ceux qui oseraient s’y attaquer, un morceau du maître dédié à tous les enfants malheureux de la planète.
Un seigneur du piano.




Didier van Moere

 

 

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