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Etat de grâce

Paris
Mogador
04/17/2003 -  
Hector Berlioz : Le Cinq mai, Herminie
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 3

Béatrice Uria-Monzon (mezzo-soprano)
Laszlo Polgar (basse)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Il longtemps que l’on avait entendu une aussi parfaite Symphonie «Héroïque» à Paris. En état de grâce, l’Orchestre de Paris et Christoph Eschenbach magnifient des qualités profondément «françaises» - sans tomber dans les clichés - de clarté, de transparence et de mesure (notre «génie national» comme on disait à une autre époque !) : l’orchestre est incisif mais jamais brutal, le son dense et charnu mais jamais lourd, la précision et l’exactitude semblent parfaitement naturelles et ne se mettent jamais en avant comme telles, l’équilibre entre les pupitres est respecté en permanence, même durant les fortissimos, et met en lumière la rigueur de la polyphonie (et accessoirement permet de bien entendre les contrebasses trop souvent noyées habituellement). Eschenbach contrôle et maîtrise chaque variable, sait donner une respiration à son discours, construit des crescendos inexorables, et cette lecture culmine dans une «marche funèbre» particulièrement réussie, très impressionnante. En première partie, une page un peu grandiloquente et poussive de Berlioz avait ouvert le concert (Le Cinq mai (Chant sur la mort de l’Empereur Napoléon), avec Lazlo Polgar), vite effacée par la «Scène lyrique» Herminie portée par la voix superbe de Béatrice Uria-Monzon, une chanteuse qui porte très haut l’art du chant français. A noter, prochain concert, et dernier de la saison, de l’Orchestre de Paris avec son directeur musical : les 3 et 4 juin.





Philippe Herlin

 

 

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