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Pour AZucena Liege Théâtre Royal de Liège 03/21/2003 - et les 22, 23, 25, 27, 28, 29 et 30 mars ; au Grand théâtre de Reims les 11 et 13 avril 2003 Giuseppe Verdi : Il Trovatore
Miguel Olano / Zwetan Michailov* (Manrico), Melania Isar/ Marcela De Loa* (Leonora), Carlos Almaguer/ Marcel Vanaud* (Il Conte di Luna), Stefania Toczysca/ Zlatomira Nikolova* (Azucena), Paul Gay (Ferrando), Christine Solhosse (Ines), Guy Gabelle (Ruiz), Turi Lel (uno Zingaro), Marcel Arports (Messagiero) Francesco Micheli (mise en scène), Cristina Corna (assistante mise en scène), Edoardo Sanchi (décors), Elena Cicorella (costumes), Roberto Tarasco (lumières), Elisabeth Boeke (chorégraphie), Xavier Laforge (réalisation de la chorégraphie), Véronique Tollet (études musicales), Edouard Rasquin (chef des chœurs) Orchestre et Chœurs de l’Opéra Royal de Wallonie, Patrick Davin (direction musicale) Coproduction Opéra d’Avignon et de Pays de Vaucluse/ Opéra de Massy/ L’Esplanade-Opéra de Saint-Etienne/ Opéra Royal de Wallonie * : les 22, 28, 30 mars et les 11 et 13 avril 2003
Ce Trovatore liégeois, compte-tenu de la difficulté de mettre en scène cet ouvrage, ne manque pas de charme sur le plan scénique. Le décor réduit au minimum permet l’enchaînement rapide des différentes scènes, alors qu’un système élaboré de projection d’images fixes et animées donne une dimension poétique et immatérielle à cette œuvre inclassable qui souffrirait que l’on colle trop à la réalité d’un livret compliqué ; pour autant celui-ci n’est pas trahi et l’on retrouve l’intrigue un peu bancale compensée par une musique d’une rare inspiration, l’une des grandes réussites de Verdi. Francesco Micheli réussit la plupart du temps à donner du sens à ses parti pris, même si la direction des interprètes laisse un peu à désirer et que la gestique qu’il leur impose peut parfois surprendre. Les costumes hétérogènes d’Elena Cicorella et la scénographie abstraite d’Edoardo Sanchi participent à cette satisfaisante approche de l’œuvre. Sur le plan vocal cependant, force est de constater l’échec de cette représentation (deux distributions étant en alternance). Miguel Olano est un catastrophique Manrico, n’ayant ni les moyens du rôle, ni le style adapté ; le public liégeois si indulgent habituellement n’hésitera pas à le conspuer après un »Di quella pira » indigne. Carlos Almaguer sait faire du son mais perd de vue lui aussi le style d’un Verdi en pleine mutation, encore sous l’influence du bel canto romantique. Le même problème se retrouve avec la Leonora de Melania Isar, au grain de voix superbe, mais incapable de rendre justice au rôle, ne sachant chanter piano, effectuer le moindre messa di voce ni le moindre trille indispensables dans ce répertoire ; par ailleurs, l’aigu est émis au prix d’un effort assez inquiètant. Hormis une excellente intervention de Paul Gay, impeccable Ferrando, la seule satisfaction vocale de la représentation nous viendra de Stefania Toczysca, aux moyens incroyablement préservés malgré une carrière déjà longue. Nous retrouvons avec plaisir ce magnifique timbre cuivré, son grave solide, un aigu à peine amoindri et surtout une adéquation stylistique qui en font une Azucena d’exception. L’actrice est tout aussi efficace et sait nous toucher, éclairant de son autorité chaque scène où elle est présente. Saluons également le travail des chœurs parfaitement au point et surtout la direction musicale impeccable de Patrick Davin, nullement désarçonné par ce plateau hétérogène et qui semble connaître sonVerdi sur le bout des doigts et de sa baguette.
Christophe Vetter
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