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Dans le lac, avec des fers attachés aux pieds

Paris
Opéra National de Paris Bastille
03/14/2003 -  17, 20, 23, 26,29 mars, 3, 8, 10 avril
Gioacchino Rossini : Guillaume Tell
Thomas Hampson (Guillaume), Hasmik Papian (Mathilde), Nora Gubisch (Hedwige), Gaële Le Roi (Jemmy), Marcello Giordani / Janez Lotric (8, 10 avril)(Arnold), Alain Vernhes (Melcthal), Toby Spence (jusqu'au 23 mars inclus), Mathias Zachariassen (Pêcheur), Janez Lotric, Valeriy Serkin (8, 10 avril) (Rodolphe), Gregory Reinhart (Leuthold), Wojtek Smilek (Walter), Jeffrey Wells (Gesler)
Francesca Zambello (mise en scène), Peter Davison (décors), Marie-Jeanne Lecca (costumes), Jean Kalman (lumières), Blanca Li (chorégraphie)
Orchestre et Choeurs de l'Opéra National de Paris, Bruno Campanella

Ce n’est point que la vache Milka n’ait bercé notre enfance, ni que les coucous évoquent en nous quelque souvenir désagréable. Gloire à la Suisse, à son hospitalité légendaire dont tant de philosophes et de directeurs de théâtre firent l’heureuse expérience, merci à la Croix Rouge pour tant de sollicitude apportée au monde, et mangez des pommes. Tenez, celle du fiston Tell par exemple, dont un bout nous reste quand même en travers de la gorge en sortant de ce spectacle qui ferait passer la production d’Attila pour un sommet de konzeptheater ou celle d’Idoménée pour un modèle de grâce aérienne. On a connu Francesca Zambello lourdingue, platement littérale, kitsch, indifférente, parfois même chef de troupe inspiré et formidable mécanicienne de grosses cylindrées ; mais à ce point grotesque et creuse, jamais. Des décors dont même votre petit garçon de cinq ans ne voudrait pas sur le papier peint de sa chambre et une direction d’acteurs façon langue des sourds laissent un instant espérer un zeste d’autodérision ou de trente-sixième degré, que rien, hélas, ne viendra confirmer. Car même le délicat Jean Kalman se décourage dans ses éclairages à la truelle, tandis que Blanca Li, à part quelques tics géniaux, s’étale de tout son long - l’opéra est fatal à ce grand talent. La direction d’orchestre sera à l’avenant : inconsistante et antidramatique (quelqu’un dans cette maison a de la suite dans les idées), ces violoncelles merveilleux, ces vents extasiés paraissant jouer tout seuls. Alain Vernhes, Nora Gubisch et Gaëlle Le Roi nous sauveraient la soirée. Des mots, du timbre, des personnages. Giordani chante des notes, dont certaines ne manquent pas d’impact. Hasmik Papian, artiste considérable (elle est l’une des rares Norma audibles aujourd’hui, ce qui n’est pas peu dire) s’empêtre dans le français comme dans le phrasé, où son timbre large et composite perd toute unité, mais rappelle dans l’acte final l’ampleur de ses moyens. La présence physique de Hampson s’accompagne comme souvent d’une certaine neutralité psychologique qui sied peut être à la nationalité, mais pas au tempérament du protagoniste. Une diction bien étudiée, le souffle conduit avec fermeté nous valent quelques très beaux moments, mais le chef fait dans l’air son seul geste de la soirée (et ce sera le mauvais) en serrant le tempo, la tessiture un peu grave privant de ses avantages un timbre qui tend de surcroît à se décolorer de plus en plus souvent dans les rares piani. Bref, c’était comment l’Helvétie ? Plat !


Vincent Agrech

 

 

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