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La Huitième symphonie de Tchaïkovski

Paris
Théâtre Mogador
03/12/2003 -  et 13 mars 2003

Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 3, opus 30
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Manfred, opus 58


Nikolaï Lugansky (piano), Orchestre de Paris, Sakari Oramo (direction)


Après un premier programme franco-russe (voir ici), le second programme de la série de concerts donnée par Sakari Oramo à la tête de l’Orchestre de Paris est, en revanche, exclusivement russe, jusque dans la personne de son soliste, Nikolaï Lugansky, lui aussi familier de l’orchestre (voir par exemple ici). Après le Quatrième concerto il y a trois ans à Radio France (voir ici), il propose le Troisième concerto de Rachmaninov, qu’il vient d’enregistrer pour Erato avec Oramo et son Orchestre symphonique de la ville de Birmingham. Presque toujours imperturbable comme à son habitude, le pianiste russe semble vouloir contrôler chaque instant, notamment par des phrasés impeccables et une variété exceptionnelle de touchers, du moelleux au percussif. Ceci étant, sa technique et sa puissance de jeu ne visent jamais à la démonstration de virtuosité, mais il s’impose en laissant simplement la partition s’exprimer, sans la solliciter outre mesure ni verser dans les débordements et effusions, tant son interprétation se caractérise par une grande rigueur dans l’expression et, au fond, par une pudeur assez inhabituelle dans cette musique.


Si l’on se souvient parfois que Tchaïkovski, avant sa Sixième symphonie (Pathétique), avait entamé la composition d’une symphonie (qui a été achevée et éditée de manière posthume comme Septième symphonie et dont la thématique a été recyclée dans le Troisième concerto pour piano), on oublie cependant trop souvent Manfred (1885), vaste partition composée entre les Quatrième et Cinquième. S’étant laissé convaincre par Balakirev d’écrire une symphonie à programme fondée sur le poème de Byron, Tchaïkovski s’est trouvé, volontairement ou non, placé sous le double parrainage de Schumann - auteur d’une musique de scène éponyme, dont on retrouve ici le caractère sombre et désespéré, notamment dans le thème associé au héros - et de Berlioz - auquel Balakirev avait d’abord suggéré l’idée et dont Harold en Italie semble inspirer maint passage, particulièrement dans les deux derniers mouvements. De fait, la partition est quelque peu hybride et annonce ainsi Shéhérazade de Rimski, tenant autant d’une forme apparemment symphonique, avec ses quatre mouvements, que de la narration, genre dans lequel Tchaïkovski excelle toujours, surtout quand le (pré)texte littéraire est de qualité (Roméo et Juliette, Francesca da Rimini, Hamlet). A la différence de l’orchestration, qui fait appel à de nombreuses percussions, deux harpes et un orgue, l’inspiration mélodique n’est sans doute pas toujours égale, mais Oramo et l’Orchestre de Paris défendent avec énergie et conviction cette « Huitième symphonie » de Tchaïkovski.


Simon Corley

 

 

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