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Présence de Henze

Paris
Maison de Radio France
01/31/2003 -  

Jean-Philippe Bec : Saturne (création)
Hans Werner Henze : Appassionatamente - Symphonie n° 4 (créations françaises)


Orchestre national de France, Fabien Gabel [Bec] et Friedemann Layer [Henze] (direction)


Présences 2003 est consacré à Hans Werner Henze, et plus particulièrement à ses dix symphonies, qui seront interprétées par six orchestres différents au fil des quinze jours au cours desquels se tient le festival (gratuit) de musique contemporaine de Radio France. Initiative originale, voire inattendue, mais qui se justifie pleinement lorsque l’on constate que six de ses symphonies - pas nécessairement les plus récentes - ont connu (la Neuvième, donnée dès le 16 janvier en avant-goût de ces manifestations) ou connaîtront (les Première, Deuxième, Quatrième, Sixième et Dixième) leur première française à cette occasion.


Les ouvrages scéniques, notamment lyriques, tiennent une place centrale dans la production de Henze, qui compte désormais une bonne quinzaine d’opéras (le prochain, L’Upupa und der Triumph der Sohnesliebe, étant annoncé pour cet été à Salzbourg). Il n’est donc pas surprenant que les deux partitions symphoniques présentées en... présence du compositeur, au cours de ce concert d’ouverture, émanent l’une et l’autre directement de deux de ses opéras.


Composée pour la Philharmonie de Vienne et créée sous la direction de Christoph von Dohnanyi, Appasionatamente (1993-1994) est sous-titrée «Fantaisie sur La Mer trahie», un opéra composé quelques années auparavant (1986-1989) sur un livret tiré d’un roman de Mishima. Exploitant certains des interludes symphoniques de cet opéra, Henze les a réassemblés suivant une logique plus musicale que dramatique, c’est-à-dire dans un ordre qui ne respecte pas celui de l’action, un peu à la manière de Britten dans ses Quatre interludes marins extraits de Peter Grimes. D’un seul tenant (douze minutes), dense, pour ne pas dire compacte, cette pièce houleuse est en harmonie à la fois avec son titre et avec l’action dont elle est inspirée. Les cuivres (avec notamment quatre trombones) et la percussion (sept exécutants) tiennent, dans ce climat paroxystique de violence et de drame, un rôle dominant.


Cette soirée a également vu la création française de la Quatrième symphonie (1955), qui, elle, plonge ses racines dans l’opéra «Le Roi cerf» (1953-1956), sur un livret inspiré de la pièce de Gozzi. L’étroite imbrication d’un ouvrage dramatique et d’un morceau symphonique rappelle les Troisième et Quatrième symphonies de Prokofiev, respectivement fondées sur des thèmes de L’Ange de feu et du Fils prodigue. D’une durée de vingt-cinq minutes, la Quatrième de Henze comprend cinq parties enchaînées qui, après un prélude (Genesis), évoquent successivement les saisons : l’été (Introduzione e sonata), l’automne (Variazioni), l’hiver (Capriccio) et le printemps (Ricercar). Dans cette partition d’esprit essentiellement lyrique - ce qui ne saurait surprendre -, d’une poésie raffinée et évocatrice, l’écriture, hormis dans la puissante péroraison, tient le plus souvent de la musique de chambre, mettant en valeur les bois et les cordes graves.


Après Sirius de Jean-Jacques di Tucci, qui avait ouvert la précédente édition de Présences (voir ici), c’est au tour de Saturne (2002) de Jean-Philippe Bec, commande de Radio France. Dans sa trente-cinquième année, le compositeur français a été l’élève de personnalités aussi diverses que Gérard Grisey, Thierry Escaich, Marco Stroppa, Jean-François Zygel et Marc-André Dalbavie, et cela s’entend. Durant une dizaine de minutes, cette pièce - en exergue de laquelle sont placés, entre autres, des considérations sur les tornades qui agitent périodiquement l’atmosphère de cette planète et un extrait des Poèmes saturniens, forcément, de Verlaine - déroule une suite de climats contrastés et nettement caractérisés, à défaut d’être toujours originaux. Avec une orchestration qui oscille entre les sortilèges de la tradition française et la franchise un peu brutale et truculente d’un Villa-Lobos, on découvrira tour à tour une sorte de choral des cuivres alternant avec divers sifflements des bois (Messiaen), un ostinato entraînant mené par les percussions (Bernstein, mais on croit également distinguer au passage, dans des traits confiés aux violons, une brève allusion à la pièce éponyme de Holst), un bref passage faisant appel aux techniques aléatoires (Lutoslawski), une parenthèse onirique et voluptueuse, toute en irisations sonores (Scriabine), avant le retour à l’atmosphère plus chaotique du début. L’orchestre est visiblement ravi de travailler, pour la circonstance, sous la direction de Fabien Gabel.


Concert retransmis sur France-Musiques le jeudi 6 février à 20 heures.


Le site de Présences 2003:
http://www.radiofrance.fr/chaines/orchestres/presences/prog/



Simon Corley

 

 

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