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Ono, o yes!

Paris
Maison de Radio France
01/18/2003 -  

Franz Schubert : Quatuor n° 14 «La Jeune fille et la mort», deuxième mouvement (orchestration Mahler)
Franz Schreker : Symphonie de chambre
Richard Wagner : Wesendonck-Lieder (orchestration Henze) - Siegfried-Idyll


Michaela Schuster (mezzo)
Orchestre philharmonique de Radio France, Kazushi Ono (direction)


Toujours dans le cadre du week-end de concerts gratuits organisé par Radio France autour du thème «Figures sentimentales» (voir ici), l’Orchestre philharmonique de Radio France, dirigé par Kazushi Ono, proposait à nouveau un programme astucieux, associant découvertes et piliers du répertoire. Il importait peu, de ce fait, que l’on n’en sût pas nécessairement davantage sur la façon dont l’adjectif «sentimental» - si souvent employé en mauvaise part - devait être considéré au cours de ces trois journées de manifestations.


Mahler a transcrit, entre autres, le Quatorzième quatuor «La Jeune fille et la mort» de Schubert parce que, selon lui, la musique de chambre n’était pas adaptée aux grandes salles. Quelles que soient les réserves que peut appeler un tel travail, l’essentiel est de parvenir, comme le fait le chef japonais, directeur musical de la Monnaie de Bruxelles (voir par exemple ici), à restituer la partition avec une réelle musicalité, sans forcer sur le pathos. On en regrette d’autant plus que seul l’un des quatre mouvements ait été donné, même s’il s’agissait du sublime andante con moto à variations.


Exactement contemporaine de la Symphonie Inextinguible de Nielsen (1916), postérieure de neuf ans à la (Première) symphonie de chambre de Schönberg - et aussi peu «sentimentale» que l’une ou l’autre, la Symphonie de chambre de Franz Schreker est destinée à vingt-trois instrumentistes (onze cordes, un représentant de chacun des pupitres de bois et de cuivres, piano, célesta, harmonium, harpe, timbales et percussion). L’effectif requis aussi bien qu’une certaine grâce du propos évoquent parfois la musique composée par Richard Strauss pour Le Bourgeois gentilhomme (1912), avec un indéniable parfum viennois. Schreker semble vouloir ramasser dans un cadre instrumental et temporel inhabituellement resserré les ambitions souvent dévorantes de la symphonie en ce début de siècle. Car bien que d’un seul tenant (vingt-cinq minutes), elle n’en présente pas moins successivement les quatre mouvements traditionnels (forme qui constituerait d’ailleurs peut-être son seul point commun avec celle de Nielsen). Dirigeant par cœur, Ono concilie précision et finesse, mettant en valeur le croisement des grands élans postromantiques (ivresse contrapuntique à la (Richard) Strauss, tintements à la Korngold) avec le raffinement parfois debussyste de l’orchestration. Les musiciens, qui ont déjà interprété l’œuvre sous la direction de Michael Gielen en février 1995, se replongent avec un bonheur évident dans cette musique chatoyante et somptueuse.


Entièrement dévolue à Wagner, la seconde partie commençait par les Wesendonck-Lieder (1857-1858). Wagner n’ayant instrumenté que le cinquième et dernier lied, on recourt généralement à l’orchestration effectuée par le chef Felix Mottl, mais c’était ici l’occasion de découvrir celle réalisée en 1976 par Hans Werner Henze. Excellente initiative, dans la mesure où Henze sera prochainement au centre de l’édition 2003 de «Présences» et où son orchestration, plus riche - faisant appel aux bois et cors par deux (chaque bois étant accompagné de son pendant grave, respectivement flûte alto, cor anglais, clarinette basse et contrebasson), harpe et cordes - s’accorde avec le côté volontiers sombre et tourmenté des poèmes de Mathilde Wesendonck. La mezzo allemande Michaela Schuster en donne une lecture irréprochable, sans doute plus distanciée ou intériorisée qu’ostensiblement impliquée.


Pour leur troisième rencontre (voir par ailleurs ici), l’orchestre et le chef prennent manifestement plaisir à travailler ensemble. Avec Siegfried-Idyll (1870), pris dans un tempo relativement lent, la délicatesse et la subtilité d’Ono font à nouveau merveille, dans une vision plus calme et poétique que rayonnante ou chaleureuse.


Concert retransmis sur France-Musiques le jeudi 30 janvier à 20 heures.



Simon Corley

 

 

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