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Comme la vie

Paris
Maison de Radio France
01/17/2003 -  

Béla Bartok : Deux portraits, op. 5
Krzysztof Penderecki : Concerto pour piano (création française)
Carl Nielsen : Symphonie n° 4 « L’Inextinguible »


Emmanuel Ax (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Alan Gilbert (direction)

En ouverture au week-end de concerts gratuits de Radio France regroupés sous l’intitulé «Figures sentimentales», l’Orchestre philharmonique de Radio France offrait un programme riche et contrasté.


L’Américain Alan Gilbert, directeur musical de l’Orchestre royal philharmonique de Stockholm depuis janvier 2000 et principal chef invité de l’Orchestre de la Norddeutsche Rundfunk (NDR, Hambourg) depuis cette saison, dirige d’abord les rares Deux Portraits (1908/1911) de Bartok. On sait que la première de ces pièces, Portrait idéal, n’est autre que le premier mouvement de son Premier concerto pour violon. C’est Elisabeth Balmas, premier violon solo de l’orchestre, qui conduit la magnifique cantilène confiée à l’instrument soliste (que rejoignent, progressivement, les autres pupitres de violons, puis tout l’orchestre). On serait (prématurément) tenté de qualifier ce chant d’inextinguible, d’autant que le compositeur y voyait sans doute un double de la violoniste à laquelle il était destiné, Stefi Geyer, et dont il était alors amoureux : vous avez dit «Figure sentimentale» …? Dans le plus bref Portrait grotesque, deux ans avant Stravinski, Bartok dessine déjà des traits qui évoquent Petrouchka.


Le Concerto pour piano (2002) de Penderecki, créé en mai dernier par Emmanuel Ax et Wolfgang Sawallisch, était donné en première française par le même pianiste. D’un seul tenant, il fait appel à un orchestre traditionnel (bois par trois, quatre cors), quoique renforcé en cuivres (quatre trompettes, quatre trombones, tuba, trois trompettes supplémentaires sur le devant de la scène) et en percussions (six exécutants). Sans rupture avec les dernières partitions du compositeur polonais (voir par exemple le Concerto grosso pour trois violoncelles), cette demi-heure de musique se déroule avec une apparente absence de rigueur, pour ne pas dire de façon décousue, faisant alterner, un peu à la manière du Concerto de Korngold, trois atmosphères distinctes : une sorte de toccata, qui occupe le plus souvent le devant du discours, un thème qu’on n’hésitera pas, dans le cadre de cette soirée, à qualifier de «sentimental» et un inévitable choral. Effets spéciaux et cataclysmes servent de lien entre ces différentes apparitions des thèmes, l’ensemble donnant l’impression de vouloir brosser une grande synthèse d’un siècle de musique concertante, de Saint-Saëns à Schönberg, en passant par Rachmaninov, Bartok, Prokofiev ou Ravel. Le pianiste américain et les musiciens de l’orchestre défendent cette partition avec un acharnement spectaculaire.


Vu les trop rares occasions de l’entendre en concert à Paris, on ne se demandera pas ce que la Quatrième symphonie «Inextinguible» (1916) de Nielsen vient faire dans ces «Figures sentimentales», tant son troisième mouvement, comme le signale fort justement Marc Vignal dans le programme, semble annoncer Chostakovitch (mais peut-être faut-il considérer que Chostakovitch est «sentimental»…). Malgré des difficultés à maintenir l’équilibre entres les pupitres, Alan Gilbert, avec un engagement exemplaire de l’Orchestre philharmonique, insuffle l’énergie et la fougue qu’appelle une œuvre éclairée par le compositeur lui-même en des termes aussi forts : «La musique est comme la vie et, comme elle, inextinguible».


Concert retransmis sur France Musiques le mercredi 22 janvier à 20 heures.



Simon Corley

 

 

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