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Scalpel

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/06/2003 -  

Wolfgang Amadeus Mozart : Concertos pour piano n° 11, K. 387a, et 27, K. 595
Franz Schubert : Symphonie n° 6, D. 589


Orchestre de chambre de Lausanne, Christian Zacharias (piano et direction)


Directeur artistique de l’Orchestre de chambre de Lausanne depuis trois saisons, Christian Zacharias n’a heureusement pas renoncé à son instrument de prédilection. Comme lors de sa venue à Paris en mai 2001 (voir ici), il dirige Mozart depuis le piano, Mozart dont il a gravé pour EMI l’une des plus étonnantes (et plus économiques) intégrales des concertos, et ce, avec différents chefs et orchestres. Le pianiste (et chef) allemand reste d’ailleurs parfaitement fidèle aux principes qui avaient guidé à la fois cette intégrale et ce précédent concert : lecture intelligente et constructive du texte, prise de risques interprétatifs, jeu plus classique (haydnien) que romantique (beethovenien), faisant davantage appel à l’humour, à la malice, voire à la préciosité, qu’au pathos, effusions et autres effets de manche.


Un tel traitement, aggravé par la sécheresse naturelle de l’acoustique du Théâtre des Champs-Elysées, aurait pu faire imploser le (rare) Onzième concerto (1783), qui, tout pétri de style galant, n’est sans doute pas le plus intéressant de la série. Comme Mozart tiraillé entre les attentes de son public et son génie de créateur, ainsi que le relève fort justement Dominique Druhen dans le programme de ce concert, Zacharias - par son refus de tout confort préétabli et de la moindre séduction facile, par son souci de questionner le texte à la moindre occasion, par son art de débusquer la moindre parcelle d’expression ou de verve - parvient cependant à maintenir le délicat équilibre entre l’apparente vacuité du discours et la rigueur qui sous-tend néanmoins la partition.


Dans le Vingt-septième concerto, il se refuse à jouer le jeu - certes fort tentant - consistant à considérer, a posteriori, que s’agissant de l’ultime concerto de Mozart, achevé au tout début de l’année 1791, il conviendrait d’adopter un ton de circonstance, détaché et nostalgique. Certes, le registre expressif est heureusement plus large que dans le Onzième, notamment dans la délicatesse parfois quasi évanescente du toucher, mais la démythification est essentiellement à l’œuvre, avec l’accent mis sur le côté ludique (allegro initial) ou enjoué (allegro final). On avouera toutefois avoir quelques peines à suivre l’interprète sur les cimes de désincarnation auxquelles il porte le larghetto central, extrêmement dépouillé. Privilégiant clarté et lumière - froideur et raideur - diront peut-être certains, il se donne un accompagnement orchestral fortement contrasté, un rien prosaïque.


En bis, Zacharias livre, avec le talent qu’on lui connaît dans ce répertoire, une nouvelle vision de la Sonate en sol majeur (K. 55) de Scarlatti, véritable fétiche dont EMI a déjà publié un disque regroupant… vingt versions captées entre 1973 et 1994.


En seconde partie, on retrouve le chef à part entière, dans une Sixième symphonie de Schubert qui évoque fortement la Huitième symphonie de Beethoven qu’il proposait il y a près de deux ans : effectif orchestral allégé (vingt-quatre cordes), respect des reprises, approche franche, très contrastée, voire rugueuse, qui restitue fidèlement l’écriture fougueuse et turbulente d’un compositeur de vingt ans qui a entendu Beethoven, bien sûr (notamment les Première, Quatrième, Septième et Huitième symphonies), mais aussi Rossini. L’andante ménage cependant de beaux passages mélodiques, superbement phrasés, alternant avec des rebondissements très théâtraux. Les péripéties de la partie rapide du scherzo marquent peut-être le point culminant de cette symphonie, tandis que l’allegro moderato final n’est pas vraiment… modéré et souffre même d’un léger manque de respiration.


Une trépidante et coruscante ouverture des Noces de Figaro donnée en bis nous ramène enfin à Mozart, pour conclure cette soirée de façon jubilatoire.


Concert diffusé sur France-Musiques le lundi 13 janvier à 20 heures.



Simon Corley

 

 

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