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La Duchesse déchue

Gent
Vooruit
12/04/2002 -  et 28, 30 novembre, 1er (Antwerpen), 6, 7* (Gent) décembre 2002
Thomas Adès : Powder Her Face, opus 14
Ingrid Habermann (Duchess), Stephen Richardson (Hotel Manager, Duke, Laundryman, Other Guest, Judge), Eileen Hulse (Maid, Confidante, Waitress, Mistress, Rubbernecker, Society Journalist), Andreas Jaeggi (Electrician, Lounge Lizard, Waiter, Rubbernecker, Delivery Boy)
Carlos Wagner (mise en scène), Conor Murphy (décors et costumes), Peter Van Praet (lumières), Tom Baert (chorégraphie)
Symfonisch Orkest van de Vlaamse Opera, Luca Pfaff (direction musicale)


L’Opéra des Flandres a pris beaucoup de soin pour présenter cette œuvre étonnante du jeune compositeur britannique Thomas Adès, né en 1971 et déjà l’un des grands acteurs de la vie musicale anglaise. Ayant déjà à son actif de nombreuses compositions (de pièces pour piano à des œuvres de musique de chambre et pour orchestre), il est également pianiste et chef d’orchestre et surtout directeur artistique de l’Aldeburgh Festival.


Powder Her Face, créé en 1995, est son seul opéra mais ce coup d’essai se révélant un coup de maître, on peut imaginer que d’autres suivront (des commandes de Covent Garden et de Glyndebourne ont été annoncées). La carrière de cet opéra de chambre pour quinze instruments (dont un accordéon et un piano) et trois solistes vocaux ne s’est pas arrêtée en Angleterre puisque qu’il a été créé sur trois continents et que c’est au tour de la Belgique de l’accueillir.


L’œuvre est une adaptation de la vie de Margaret, la duchesse d’Argyll qui défraya la chronique anglaise lors de son divorce du fait de ses mœurs légères. Adès et son excellent librettiste Philip Hensher en profitent pour régler quelques comptes avec l’hypocrisie de la société aristocratique britannique (y compris la Duchesse elle- même, qui n’est pas épargnée).


L’écriture musicale d’Adès est d’une grande inspiration personnelle tout en s’inscrivant dans la continuité de musiciens tels que Britten, Berg ou Stravinsky, le goût pour la parodie et une imagination débordante (les chanteurs, à part la duchesse, jouent chacun un personnage qui lui-même en devient d’autres selon les scènes) permettant de soutenir l’attention du spectateur sans faillir.


Quittant pour l’occasion le théâtre habituel pour cette sublime salle art déco qu’est le Vooruit, plus intime, l’Opéra des Flandres offre à Carlos Wagner l’occasion de confirmer son talent de metteur en scène (il avait jusqu’à présent réglé des reprises d’autres) qui a parfaitement compris l’esprit de l’œuvre, son subtil mélange d’humour cynique et de nostalgie douloureuse, dirigeant de manière très précise et efficace des interprètes remarquables et inspirés. Conor Murphy signe un décor habile et magnifique : de vertigineuses marches surplombées d’une porte et accompagnées sur le côté par un poudrier géant où des scènes importantes se dérouleront permettent une continuité d’action parfaite. Signalons aussi la réussite des éclairages de Peter Van Praet, collaborateur habituel de Robert Carsen.


Sur le plan musical proprement dit, on admirera la précision et la fluidité de la direction de Luca Pfaff et quatre chanteurs merveilleux : Ingrid Habermann (remplaçant Marie McLaughlin initialement annoncée) qui a déjà chanté le rôle à Vienne, pathétique duchesse, qui bouleverse à la fin de l’œuvre ; Eileen Hulse, colorature brillante et comédienne piquante (que l’on verrait bien peut-être un jour en Lulu) ; Andreas Jaeggi, toujours très à l’aise dans les rôles de ténor de caractère et Stephen Richardson, impressionnante basse.


Succès public énorme qui permet de croire en la vitalité de l’opéra contemporain.



Christophe Vetter

 

 

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