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Bohuslav bis

Paris
Théâtre de l'Athénée (Louis Jouvet)
12/12/2002 -  et 14, 15, 17, 19, 20 décembre 2002

Bohuslav Martinu : Larmes de couteau, H. 169 - Alexandre Bis, H. 255


Daphné Touchais (Eléonore), Ruxandra Barac (La mère), James Bobby (Satan, Alexandre), Fabiola-Josée Gonzalez Moreno (Armande), Pawel Lawreszuk (Le portrait), Simona Ivas (Philomène) Marco Alves dos Santos (Oscar)
Ensemble OstinatO, Jean-Pierre Tingaud (direction)
Matthew Jocelyn (mise en scène), Alain Lagarde (décors et costumes), Stéphanie Daniel (lumières)


On semble enfin se souvenir que Martinu a composé pas moins de quatorze opéras. Après Juliette donné le mois dernier à Garnier (voir ici), il faut donc saluer, dans le cadre de la nouvelle programmation musicale de l’Athénée (Théâtre Louis Jouvet), cette production, par l’Atelier du Rhin et le Centre dramatique régional d’Alsace, de deux ouvrages certes plus brefs et moins ambitieux, mais qui révèlent d’autres facettes de l’influence du surréalisme sur le compositeur tchèque au cours de son long séjour parisien (1923-1940).


Sur un livret de Georges Ribemont-Dessaignes, Larmes de couteau, opéra radiophonique composé en 1928 pour le festival de Baden-Baden, ne fut créé qu’en... 1969 à Brno. Il est vrai que cette histoire de jeune fille amoureuse d’un pendu, entourée d’un Satan libidineux et d’une mère passablement complice, avait de quoi surprendre. La partition, d’une durée de vingt-cinq minutes, rend hommage aux grands noms de la scène allemande de l’époque (Hindemith, Weill), avec un fort parfum de jazz, le petit ensemble instrumental comprenant d’ailleurs les emblématiques saxophone et banjo. Si le côté radical et provocateur de la musique donne entière satisfaction, le spectacle surprend par le parti de pris de pénombre constante - décidément, après Juliette, la grisaille a encore frappé - et déçoit par une diction généralement très insuffisante, qui empêche de goûter pleinement à la causticité et à la poésie de Ribemont-Dessaignes. Un objet musical non identifié, assurément délicat à manier du point de vue de la scénographie, qu’on se félicitera néanmoins d’avoir eu l’occasion de voir représenté à Paris.


Changement complet d’atmosphère dans Alexandre Bis, sur un texte d’André Wurmser. La création en fut également posthume (en 1964 à Mannheim), Martinu n’ayant pas livré à temps cette commande pour l’Exposition universelle de 1937. Pochade située au croisement entre Feydeau et Dali, le livret narre les mésaventures d’Alexandre, qui entreprend de séduire sa propre épouse en se faisant passer pour un autre. Mais celle-ci choisira finalement Oscar, le cycliste. Culminant dans une scène centrale d’un onirisme délirant, l’action est pimentée par les commentaires du... portrait d’Alexandre, rôle distinct de celui d’Alexandre.


Martinu trousse avec l’aisance qu’on lui connaît quarante minutes d’une musique vive, enlevée, humoristique, mettant en valeur des répliques que l’excellente diction des chanteurs des Jeunes voix du Rhin, quoique non francophones, permet, cette fois-ci, d’apprécier. Le décor sobre et ample à la fois ainsi que les costumes traditionnellement boulevardiers d’Alain Lagarde sont à l’unisson de la mise en scène simple et efficace de Matthew Jocelyn. L’ensemble OstinatO tient également une grande place dans la réussite de cette soirée, même si son plaisir de jouer cette musique semble tel que sous l’impulsion de Jean-Pierre Tingaud, il tend parfois à couvrir la scène.



Simon Corley

 

 

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