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Un dimanche après-midi chez Lamoureux Paris Théâtre des Champs-Elysées 11/24/2002 -
Henri Dutilleux : Métaboles Robert Schumann : Concerto pour piano, op. 54 Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 4, op. 60
Till Fellner (piano) Orchestre des Concerts Lamoureux, Claudius Traunfellner (direction)
Quoi de neuf aux Concerts Lamoureux ? Les acteurs de la compagnie de théâtre de rue « Deuxième groupe d’intervention » qui déclament dans le hall et dans la salle, au milieu du brouhaha général qui précède le début du concert, des extraits de textes de Schumann ? La présence de quelques spectateurs sur scène, parmi les musiciens ? Le rajeunissement du public et de l’orchestre ? Rien de tout cela, car ces évolutions, si récentes soient-elles, ne datent pas de cette année.
En revanche, il faut saluer, cette saison, l’inscription, en ouverture de programme de certains des concerts, de partitions marquantes de la musique symphonique française du XXème siècle : Jeux de Debussy, Les Offrandes oubliées de Messiaen ou Eclat de Boulez. Précédée d’une présentation accessible sans être démagogique, à la fois informative et poétique, par Claude-Henry Joubert, sous la forme d’un « atelier-découverte » faisant alterner commentaire et courts extraits de l’œuvre, l’interprétation des Métaboles de Dutilleux, dont l’Orchestre Lamoureux avait donné la création française, laissera toutefois à désirer, faute de mystère et de folie.
Dans le Concerto pour piano de Schumann, Till Fellner ne prend pas le public dans le sens du poil. Le pianiste autrichien, qui domine sans peine un orchestre maintenu sur la réserve, privilégie une approche étrangement lente et analytique, précise et désincarnée, dépourvue de progressions, rarement portée par la passion, plus proche de Scarlatti que du romantisme allemand, mais qui ménage parfois des aperçus surprenants sur une œuvre qui n’a décidément jamais fini de révéler tous ses secrets.
Pour conclure, Claudius Traunfellner, visiblement plus à l’aise que dans Dutilleux - mais il est vrai qu’il a repris sans modification le programme qui devait originellement être dirigé par Gérard Korsten - dirige une Quatrième symphonie aérée et bien enlevée. Manifestant un évident plaisir de jouer, notamment dans les mouvements extrêmes (joués avec toutes les reprises prescrites par le compositeur), où la prise de risques se révèle le plus souvent payante, l’orchestre révèle d’indéniables talents individuels, par exemple le clarinettiste solo.
Simon Corley
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