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Portrait de la solitude d’un vieillard bourru et trompé

Paris
Opéra de Massy
11/11/2002 -  et 17*, 19 novembre 2002
Gaetano Donizetti : Don Pasquale
Franck Leguerinel (Don Pasquale) - Isabelle Poulenard (Norina) - Alain Gabriel (Ernesto) - François Harismendy (Malatesta) - Imer Katcha (un notaire)
Orchestre de Massy - Chœur Le Duo / Dijon, Alain Altinoglu (direction)
Mise en scène : Jean-Luc Revol (mise en scène)


Donizetti utilise à bon escient l’héritage de son aîné Rossini dans ce chef d’œuvre, souvent désigné comme l’ultime hommage et référence de l’œuvre bouffe. Selon le metteur en scène, Don Pasquale ne doit pas être seulement un personnage ridicule, mais aussi un homme sensible que la découverte de la beauté et de l’amour, à travers Norina, fait basculer dans une sorte de béatitude aveuglante. De même, les autres protagonistes n’ont de dureté que l’apparence et ne sont en fait que des âmes tendres qui ne manigancent ce simplissime stratagème de mariage arrangé que pour faire triompher l’amour. Sa mise en scène oscille entre farce et comédie de mœurs, grotesque et tragique. Elle est en mouvement à l’image du décor et de la scénographie.


L’action se passe dans ou hors d’un polygone coloré, mobile tout en fausses perspectives, à différents niveaux selon les actes. Au rez-de-chaussée, Don Pasquale devenu ici collectionneur, vit au milieu de ses papillons. Norina, à l’étage supérieur évolue dans son boudoir capitonné tandis qu’Ernesto chante sur le toit pour la lune et les coquelicots figurés par des petites lampes rouges surgissant de chaque côté de la scène …le tout sur fond de machinerie grinçante, hélas perceptible par les spectateurs, qui ne peut que perturber les chanteurs. Les costumes sont d’inspiration fin XIXème siècle anglais, sages et fous à la fois, aux teintes acidulées mêlant l’audace parfois discutable au bon goût.


Vocalement le plateau était moyen, seul Franck Leguérinel tire «son épingle du jeu» dans le rôle titre. Son émission était sonore, bien conduite, sa diction était sûre, sans égaler celle de l’un de ses illustres prédécesseurs Gabriel Bacquier. Il est à regretter qu’il n’ait pas été assez vieilli en la circonstance, son allure mince et élégante était plus proche d’un bel hidalgo que de celle d’un vieux barbon. Isabelle Poulenard, souvent entendue dans le répertoire baroque, est un lyrique légèrement colorature mais sa voix était mince et les aigus manquaient d’ampleur, d’assise et parfois de justesse. Pourtant dans le final de belles notes aiguës, là, lancées avec aisance peuvent faire espérer qu’elle peut faire mieux que cette prestation de Norina ? Alain Gabriel, remarqué à Compiègne en Wilhem Meister du Mignon, a semblé ici à contre-emploi. Il a savonné, détonné dans le «Cerchero lontana terra», même le célèbre «com‘ e gentile» a été malheureusement très approximatif manquant de charme, de suavité. Le Malatesta de Francis Harismendy aurait pu être à l’unisson de son compère Don Pasquale mais la «vocalita» était absente surtout dans le duo de la fin du 2e acte « aspetta, aspetta, cara sposina » rendu si célèbre par Quillico père et fils.


D’une manière générale le chef a conduit l’orchestre avec des tempi très rapides, parfois lourds et des fortissimi ont souvent couvert les voix.


On doit saluer l’initiative de l’Opéra de Massy (scène conventionnée) d’avoir remonté cette œuvre, avec des moyens limités, en collaboration avec l’Opéra de Dijon. Don Pasquale fut l’un des fleurons de la salle Favart au temps où elle était encore une vraie scène lyrique !




E.G. Souquet

 

 

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