Back
No no ch’io non mi pento "
" Non, non, je ne me repens pas "
(Don Giovanni, acte II, scène XV) Paris Opéra Bastille 01/19/2000 - et 22, 25, 19 janvier
1, 5, 9, 12, 17, 22 février 2000 Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni Bo Skovhus/ Dwayne Croft (du 9/01 au 22/02) (Don Giovanni), Robert Lloyd (Il Commendatore), Adina Nitescu (Donna Anna), Richard Croft (Don Ottavio), Soile Isokoski (Donna Elvira), Ferrucio Furlanetto (Leporello), Josep Miquel Ribot (Masetto), Anna Maria Panzarella (Zerlina)
Dominique Pitoiset (mise en scène), Zaven Paré(décors), Patrice Cauchetier (costumes)
Orchestre et choeurs de l’Opéra National de Paris
Friedemann Layer (direction)
Remplacements en cascade pour cette première reprise de Don Giovanni de l’an 2000. Nouveau chef, nouvelle Donna Anna, nouveau Masetto, des conditions délicates pour une reprise très attendue après les représentations de juin 99 qui avaient permis au baryton gallois Bryn Terfel de chanter son premier Don sur scène. Une distribution homogène et une direction attentive contribuent à faire de cette soirée une belle réussite chaleureusement accueillie par le public – même si l’on reste un peu " sur sa faim "…
Direction sage de Friedemann Layer, aux intentions louables, malheureusement masquées par un tempo un peu lent à l’origine de multiples petits décalages entre la fosse et l’orchestre qui, d’ailleurs, ne semblait pas dans sa plus grande forme : attaques imprécises, cors un peu trop virulents, sécheresse du violoncelle de " Batti batti, o bel Masetto "…
Revoir la mise en scène de Dominique Pitoiset permet d’apprécier combien au-delà de la simplicité d’une approche très manichéenne de l’oeuvre et de la seule laideur du décor, elle détruit la force de certains passages –comme le final du premier acte- ou manque totalement la mise en perspective des derniers vers de la " scena ultima " et gêne considérablement les artistes dans la caractérisation de leurs personnages.
La Donna Anna d’Adina Nitescu retient l’attention par un prenant récitatif de "Or sai chi l’onore ", mais les arias révèlent cruellement la dureté des aigus et un recours exagéré à des effets véristes déplacés. Engoncée dans son imper, Soile Isokoski est le pitoyable souffre-douleur du cynisme de Don Giovanni. La voix, intrinsèquement belle, semble desservie par le cadre de la salle Bastille, à l’instar du Don Ottavio élégant de Richard Croft qui interprète une très jolie reprise de " Dalla sua pace ", pleine de ferveur.Le caractère véhément de la seconde strophe de " Il mio tesoro " lui échappe davantage, difficile de l’imaginer revenir en " messager de mort " ! Suite à la défection de Erwin Schrott, c’est le jeune Josep Miquel Ribot, du Centre de formation lyrique de l’Opéra National de Paris, qui a interprété le rôle de Masetto face à la Zerlina très juste d’Anna Maria Panzarella. Restent les cas du seigneur et de son valet. Ferrucio Furlanetto est un grand habitué du rôle de Leporello, auquel il prête le visage du valet pas mauvais bougre et toute la truculence de son timbre, le seul à imposer vraiment son personnage pour des moments burlesques qui remportent une adhésion justifiée. Quant à Bo Skovhus, son " cavaliere ", au chant un peu pâle, est sans nul doute desservi par la mise en scène, aux exigences de laquelle il tente de se plier en exagérant son jeu. Loin du libertin élégant ou de l’ogre Terfel, son Don Giovanni apparaît comme un débauché de seconde zone. La sérénade, chantée en confidence en compulsant amoureusement la liste de ses conquêtes, révèle davantage des qualités de chanteur intimiste. Le magnifique Commandeur de Robert Lloyd clôt la distribution de cette reprise efficace.
Laurence Varga
|