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L’hommage bienvenu

Paris
L’Archipel
11/09/2002 -  
Horatiu Radulescu : Dr Kai-Hong’s Sacred Moutain pour violon seul, Being and non-Being create each other pour piano seul, Lux anime pour violoncelle seul, L’Exil intérieur pour violoncelle et piano
Dana Ciocarlie (piano), Catherine-Marie Tunnel (violoncelle), Radu Blidar (violon)


Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, ce concert confidentiel du 9 novembre constituait l’unique hommage rendu au soixantième anniversaire de l’un des grands noms de la composition en Europe aujourd’hui, Horatiu Radulescu. Né en Roumanie, mais naturalisé français, après vingt ans passés en France le compositeur vit désormais en Suisse où on lui souhaite un destin plus prolixe. Commençant à être joué de plus en plus en Europe et dans le monde, gageons que lorsqu’il sera devenu célèbre nos institutions musicales lui décerneront des lauriers avec d’autant plus d’apparat qu’elles voudront faire oublier leur indifférence actuelle. Ce concert offrait un bel éventail de son talent avec sa deuxième sonate pour piano, Being and non-Being create each other, qui joue intelligemment sur un art de la résonance à la Messiaen coulé dans un geste beethovénien qui sculpte la matière sonore. Lux anime, pour violoncelle, déploie une grande subtilité d’écriture qui rappelle que Radulescu fut l’un des premiers défenseurs de la musique spectrale. Revenant à un langage plus tonal et mélodique (au premier abord, mais que de surprises en tendant l’oreille !), Exil intérieur frappe par la pure beauté de ses courbes et la délicatesse de ses atmosphères. Le mouvement lent met en évidence un savoir faire typique du compositeur, celui «d’habiller» le silence (notes aiguës du piano qui se perdent dans l’espace et jeu «spectral» du violoncelle), que l’on retrouve également dans ses sonates pour piano. Des bribes de folklore apparaissent par moment pour démontrer que l’enracinement peut constituer une source d’inspiration à une écriture «moderne», comme chez Bartok. Le succès est complet pour ce troisième et dernier volet composé par la pianiste roumaine vivant en France Dana Ciocarlie qui, après un concert consacré à de jeunes compositeurs français (Franck Krawczyk, Karol Beffa, Frédéric Verrières), un autre à Robert et Clara Schumann, termine avec cette hommage à son compatriote. S’il n’y avait pas la quantité (une grande salle), la qualité indéniable de cette soirée en faisait un moment d’élection avec le concours de l’Archipel et à sa petite salle de cinéma, idéale pour la musique de chambre et sa convivialité bienvenue puisque les spectateurs peuvent, à l’issue du concert, prendre un verre avec les musiciens.



Derniers CD de Dana Ciocarlie :
- Franz Schubert : Sonate D 960, Impromptus posthumes D 946 L’Empreinte digitale ED 13054
- Constantinescu, Enescu, Bartok, L’Empreinte digitale ED 13122


Prochain CD de Horatiu Radulescu :
- Quatuor n° 4 par le Quatuor Arditti, Editions RZ


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Philippe Herlin

 

 

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