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Marta Argerich embrase les Nuits du Bourget Aix-les-Bains Centre des Congrès 09/28/2002 - Felix Mendelssohn : Symphonie italienne Nicolo Paganini : Premier Concerto pour violon et orchestre Robert Schumann : Concerto pour piano
Sinfonia Varsovia. Alexandre Rabinotivch (direction), Alexander Markov (violon), Marta Argerich (piano).
Toujours organisées par l'Association Musique Passion, dont les bénévoles se donnent sans compter, les Nuits romantiques du Bourget ont, sous la direction artistique du pianiste Philippe Cassard, trouvé leurs marques. Heureux cocktail de "tubes" (la Symphonie italienne de Mendelssohn, les Etudes de Chopin) et de raretés (Quatuor à cordes de Donizetti, Nocturnes de Field), de vedettes (Marta Argerich ou Radu Lupu) et de jeunes espoirs (Philippe Giusiano, lauréat du 13ème concours Chopin de Varsovie), le festival, grâce à un thème renouvelé chaque année, évite toute dispersion et, associant concerts, conférences et présentations diverses, permet aux mélomanes de goûter pleinement aux joies de la musique. Car le public est mélomane : ceux qui fréquentent les festivals pour s'y montrer et pouvoir briller dans les dîners ont vite compris que ces Nuits romantiques, comme le festival Messiaen au pays de la Meije, n'étaient pas pour eux. Le programme de cette année était axé sur Chopin et le Paris des années 1830, ainsi que sur un hommage au grand pianiste russe Nikita Magaloff pour le dixième anniversaire de sa mort. En s'assurant du concours de Marta Argerich, les organisateurs savaient que le concert d'ouverture serait un succès. Encore fallait-il qu'elle jouât et qu'elle fût dans un bon jour, ce qui n'est pas toujours le cas. Les plus sceptiques ont dû rendre les armes : elle qui a l'habitude d'être accompagnée par les plus prestigieuses formations orchestrales dans les plus grandes salles du monde a interprété le Concerto de Schumann comme elle l'a rarement fait, restituant à l'oeuvre tout son romantisme à la fois flamboyant et tendre, nous offrant une palette de couleurs qui semblait inépuisable, avec une cadence où se résumait toute la passion de Schumann pour Clara.. Mais l'enchaînement, en guise de bis, de la première des Scènes d'enfants et de la Sonate en ré mineur de Scarlatti, qui semble être devenu son bis fétiche, a paru pour le moins inattendue. On craignait beaucoup pour l'accompagnement. Si l'on retrouve toujours avec le même plaisir le Sinfonia Varsovia, dont le mentor fut Yehudi Menhuin, Alexandre Rabinovitch avait en effet surpris et gêné, dans la Symphonie italienne de Mendelssohn, par une battue chaotique et une gestique tenant plus du dessin animé que du concert traditionnel, abandonnant totalement l'orchestre à lui-même. Mais le malheur fut évité : le chef pianiste, qui joua souvent à quatre mains ou à deux pianos avec Marta Argerich, sut se mettre à l'unisson et lui offrit finalement un bel écrin orchestral. On n'en dira pas autant du Premier Concerto de Paganini, où il fit exactement le contraire de ce qu'il faut faire, transformant l'orchestre en bastringue, à l'opposé de l'interprétation aussi inspirée qu'éblouissante du jeune Alexander Markov, qu'on fit venir de New York en catastrophe pour remplacer Laurent Korcia défaillant et qui offrit en bis un flamboyant Vingt-Quatrième Caprice de Paganini. Longue vie aux Nuits romantiques du Bourget, qui seront désormais printanières : le prochain festival aura lieu du 17 mai au 1er juin.
Didier van Moere
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