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De la musique avant toute chose

Paris
Cité de la musique
10/16/2002 -  

Ludwig van Beethoven : Triple concerto, op. 56
Maurice Ohana : Tombeau de Claude Debussy
Claude Debussy : Nocturnes (Nuages, Fêtes)


Yumiko Tarimura (soprano), Laure Morabito (cithare), Romain David (piano - Ohana), Régis Pasquier (violon), Roland Pidoux (violoncelle), Orchestre du Conservatoire de Paris, Jean-Claude Pennetier (piano - Beethoven - et direction)

Il serait inutile de tenter d’établir un lien entre les deux parties du programme : si la seconde partie présentait de façon évidente une belle homogénéité autour de la personne de Debussy, il ne faut sans doute pas chercher d’autre raison à la présence en première partie du Triple concerto de Beethoven que le plaisir des trois solistes - Régis Pasquier, Roland Pidoux et Jean-Claude Pennetier, qui dirigeait de son piano - à se retrouver dans l’une des rares partitions destinées à cette formation. Ce plaisir rejaillit sur l’auditoire, tant cette interprétation est à la fois chaleureuse et sereine (presque Biedermeier ou schubertienne avant la lettre), spirituelle et virtuose, dynamique et complice (Pasquier supplée même parfois Pennetier pour donner les départs à l’orchestre). L’intérêt de cette œuvre s’en trouve tellement renouvelé que l’on passe aisément, dans ces conditions, sur le déséquilibre qui se manifeste parfois entre les (vingt-quatre) cordes et les vents, d’une part, et entre l’orchestre et les solistes, d’autre part.


A l’occasion du centenaire de la naissance du compositeur (1962), Maurice Ohana a composé un Tombeau de Claude Debussy, dédié à Dutilleux, mais il en a révisé la partition, écrite pour soprano, piano, cithare et ensemble instrumental, jusque dans ses dernières années (1989). L’ensemble instrumental associe une formation de chambre traditionnelle (un représentant par pupitre de bois et de cuivres, cordes), une importante section de percussions essentiellement métalliques et un célesta. Sur une durée de plus d’une demi-heure, sept parties se succèdent, dans un style qui se situerait au centre d’un triangle dont les trois sommets seraient Noces de Stravinski, Le Marteau sans maître de Boulez et les Sept Haïkaï de Messiaen.


Dense, minérale, incantatoire, en même temps que d’une grande subtilité sonore, forcément debussyste, cette musique recourt, dans les interventions de la voix et de la cithare, aux micro-intervalles (tiers de ton). A la mélopée de Hommage, succèdent de lumineux Soleils et une menaçante Ballade de la Grande guerre. Autres soleils, avec son choral et sa cadence de piano particulièrement chargée (remarquable Romain David), évoque décidément Messiaen. La finesse de textures du bref Miroir endormi est quasi miraculeuse, avant les développements colorés de Rose des vents et de la pluie. La voix - exceptionnelle, de Yumiko Tanimura - semble finalement s’imposer dans Envoi. Une (re)découverte dans laquelle Pennetier et les jeunes musiciens se montrent aussi convaincants que dans Beethoven.


Enfin, dans les deux premiers Nocturnes de Debussy, Pennetier confirme qu’il est un musicien à la fois humble et complet, dont la devise pourrait être : « De la musique avant toute chose ». D’une qualité instrumentale irréprochable, ces Nuages et ces Fêtes concluent de façon à la fois équilibrée, fine et précise cette soirée, une fois de plus réussie, de l’Orchestre du Conservatoire.



Simon Corley

 

 

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