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Les questionnements du metteur en scène d’opéra Gent De Vlaamse Opera 10/11/2002 - et 19, 21, 24, 27, 29* septembre, 1er (Antwerpen), 13, 15, 18, 20 octobre (Gent) 2002 Giacomo Puccini: Il Trittico Il tabarro: Stephen Kechulius (Michele), Amy Johnson (Giorgetta), Gerard Powers (Luigi), Jacqueline Mayeur* (La Frugola), Randall Cooper (Il Tinca, Tenorino), Marc Claesen (Il Talpa), Gordon Gietz (Venditore Di canzonette), Xenia Konsek (Sopranino) Suor Angelica: Cheryl Barker (Suor Angelica), Rita Gorr* (La Zia Principessa), Xenia Konsek (Suor Genovieffa), Sinéad Mulhern (La Suora infermiera), Mireille Capelle (La Zelatrice), Marceline Keirsbulck (La Badessa), Myriam Hordies (La Maestra delle novizie), Anja Wibrink (Suor Dolcina), Deborah McClung, Beatrijs Desmet (Due Suore cercatrici), Christa Biesemans, Rachael McCall (Due Converse), Birgit Langenhuysen (Suor Osmina), Yvonne Vann Bree (La Novizia) Gianni Schicchi: Stephen Kechulius (Gianni Schicchi), Sinéad Mulhern (Lauretta), Gordon Gietz (Rinuccio), Erik Burke (Buoso Donati), Jacqueline Mayeur* (Zita, la vecchia), Randall Cooper (Gherardo), Xenia Konsek (Nella), Piet Vansichen (Simone), Quirijn de Lang (Marco), Mireille Capelle (La Ciesca), Claudio Giombi (Maestro Spinelloccio, Ser Amantio De Nicolao), Jan Casier/Tobias Hermans (Gherhardino), Stefan Nimmegeers (Pinellino), Thomas Mürk (Guccio)
Robert Carsen (mise en scène), Radu Boruzescu (décors), Miruna Boruzescu (costumes), Jean Kalman (lumières), Peter Van Praet (réalisation des éclairages), Ian Burton (dramaturgie)
Koor en Kinderkoor van de Vlaamse Opera, Kurt Bikkembergs (chef des chœurs), Symfonisch Orkest van de Vlaamse Opera, Silvio Varviso (direction musicale)
La saison de l’Opéra des Flandres s’ouvre sur une reprise de l’ultime étape du remarquable cycle Puccini/Carsen, ce Trittico, déjà donc présenté il y a six ans et qui reste à nouveau un événement.
Cette fois, Robert Carsen prend de grands risques et joue avec les nerfs du public. Au départ irritante, l’idée rabattue de « théâtre dans le théâtre » ne prend son sens que progressivement pour convaincre totalement au dernier volet, Carsen réussissant l’exploit de relier dans une continuité dramaturgique les trois opéras, par la présence d’un metteur en scène-acteur présent du début à la fin, d’abord discrètement puis jouant lui-même Buoso Donati.
L’on comprend alors petit à petit que l'on assiste en fait à une répétition et que l’aboutissement de cette mise en scène ne sera peut-être jamais possible. Constat d’un Carsen à un tournant de son évolution artistique ? Volonté de faire passer le message que pour lui une mise en scène n’est jamais définitive ? Démonstration qu' est une œuvre impossible à monter dans sa continuité ? Carsen n’apporte aucune réponse mais fait appel à l’intelligence et à la réflexion des spectateurs tout en proposant à foison des idées intéressantes, originales et montrant plus que jamais sa capacité à articuler l’intelligence à la sensibilité pour provoquer l’émotion, et sans jamais trahir le compositeur qu’il sert.
Cette émotion est également esthétique grâce aux merveilleux et cocasses décors et costumes de Radu et Miruna Boruzescu. Sur le plan musical, les points forts sont la direction incomparable de Silvio Varviso à la tête d’un orchestre désormais remarquable et des chœurs excellents, maîtres d’une liberté scénique certainement acquise avec le travail entrepris auprès de Carsen depuis 1991.
La distribution s’est renouvelée par rapport aux représentations de 1996, mis à part la plupart des seconds rôles et surtout Cheryl Barker qui nous offre à nouveau une Suor Angelica d’une sensibilité, d’un engagement, d’une générosité vocale qui bouleversent.
Stephen Kechulius, excellent Michele, se surpasse encore dans le rôle de Gianni Schicchi et se révèle un interprète de premier ordre, comme il nous l’avait laissé entrevoir avec son Iago la saison dernière. Amy Johnson et Gerard Powers ont les moyens de leurs rôles dans Il tabarro, contrairement à Rita Gorr qui aborde bien trop tard le rôle de la Zia Principessa en remplaçant Elisabeth Vaughan. L’interprète reste magnifique mais la voix ne suit plus et nous aurions préféré rester sur le souvenir inoubliable de sa Dame de pique en ces mêmes lieux en 1999. Gordon Gietz et Sinéad Mulhern, jeunes artistes prometteurs, nous consolent de cette déception. Tous les comprimari sont des acteurs-chanteurs d’une grande efficacité, cependant surpassés par le fabuleux numéro d’Erik Burke, double de Robert Carsen.
Christophe Vetter
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